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C’est incontestablement un fait inédit mais qui très curieusement semble échapper à beaucoup, se noyer dans les flots incessants de l’actualité ivoirienne, se fondre dans la presse et sur les réseaux sociaux. Cependant, tous les militants et sympathisants du FPI  qui considéraient jusqu’ici les frondeurs comme des hommes et des femmes de conviction et de parole, vont certainement devoir déchanter. Sensiblement ou même radicalement, les frondeurs sont en effet en train de sortir de leur position figée et inconfortable du GBAGBO OU RIEN pour rejoindre la ligne flexible, réaliste et pragmatique choisie par le président Pascal Affi N’Guessan. La sérénité et l’attitude pédagogiques du président statutaire du FPI face aux diverses attaques, injures et propos diffamatoires dont il était constamment la cible, ont sans nul doute été pour beaucoup dans ce revirement spectaculaire qui s’est opéré chez les frondeurs, même si aucun d’eux ne le reconnaîtra jamais.

Loin de céder à la colère et aux diverses provocations, le président du FPI a en effet toujours saisi toutes les occasions pour justifier ses choix, expliquer patiemment entre autres choses pourquoi le FPI doit participer au jeu politique, avoir son candidat pour la présidentielle 2015 et ses candidats pour tous les autres scrutins. Les frondeurs avaient pourtant quant à eux toujours rejeté l’idée d’une quelconque participation du FPI à une élection. Pour les GBAGBO OU RIEN, le FPI doit s’asseoir, croiser les bras et mourir. Mais pourquoi les jeunes cadres assoiffés de conquêtes et de victoires iraient-ils ou resteraient-ils dans un parti politique qui tournerait le dos à toutes les  compétitions électorales, préférerait rester totalement coupé des réalités et sans aucun avenir politique?

Les frondeurs ont donc enfin compris clairement tout cela. Ils tentent ainsi de s’immiscer dans le débat électoral en cours alors qu’en principe ce débat ne devrait pas les intéresser puisqu’ils ont dit et redit que les élections ne les intéressent guère. Mais tout porte à croire que pour eux, la politique est un jeu d’hypocrisie. Les frondeurs dévoilent donc sans honte leur plan secret en tentant de prendre les devants pour s’approprier la défense de la Constitution ivoirienne. Ils savent parfaitement qu’en choisissant de se dresser face à Alassane Ouattara qui s’est déjà déclaré candidat et qui, sans le dire officiellement, semble manœuvrer pour tripatouiller la Loi Fondamentale afin de se présenter à nouveau alors qu’il est désormais forclos, ils pourraient un tant soit peu reconquérir la sympathie perdue des populations qui se posent aujourd’hui beaucoup de questions sur leur conduite au sein du FPI.

Les frondeurs tissent donc leur stratégie sur ce problème d’inéligibilité d’Alassane Ouattara. Le faisant, ils rejoignent purement et simplement la position du président Affi. L’on se souvient que c’est bien le président Pascal Affi N’Guessan qui, lors d’une cérémonie de présentation de vœux organisée par les militants du FPI à son honneur le 7 janvier 2014, a ouvert ce débat auquel personne ne voulait toucher du doigt sur la question de l’éligibilité d’Alassane Ouattara à l’élection présidentielle d’octobre prochain. Parlant de cela, le président Pascal Affi N’Guessan sait parfaitement de quoi il parle car 3 obstacles majeurs se dressent devant Alassane Ouattara et le privent d’une nouvelle candidature: L’article 35 de la constitution, le verdict de la cour suprême donné par Tia Koné pour l’élection présidentielle d’octobre 2000 et enfin le document signé par Laurent Gbagbo à Pretoria en Afrique du Sud sur la base de l’article 48 pour faire de lui un candidat exceptionnel en 2010 (et seulement en 2010).

Le président Affi avait même proposé les États Généraux de la République (EGR) pour évacuer d’avance toutes les questions confligènes afin de permettre aux élections de se dérouler avec toutes les garanties de sécurité, de transparence et de crédibilité. Brusquement sortie donc des laboratoires de la fronde, la campagne “Je protège ma constitution” qu’ont lancée les frondeurs par la bouche de Dahi Nestor est donc une campagne clandestine, opportuniste, précipitée et surtout prétentieuse. Peut-on lancer une campagne aussi sérieuse avec pour seul objectif de disputer l’initiative au président statutaire du FPI et contester son leadership? Il est en plus clair qu’après son limogeage, Dahi Nestor, n’est plus membre de la JFPI. Ce noble combat qui nous attend, le FPI le mènera et le gagnera. Comme simple citoyen ivoirien, Dahi Nestor peut défendre la constitution de son pays mais le faire comme prétendu responsable de la JFPI est une imposture et une usurpation de titre.

Le président Affi sait ce qu’il fait et où il va. Il sait qu’un homme politique avisé ne dit jamais rien au hasard et qu’à un moment ou à un autre, il devra aller jusqu’au bout de son exigence. Il est vrai que surpris et effrayé de voir l’article 35 toujours en l’état, Alassane Ouattara a refusé de se soumettre à ce qu’il a appelé des bavardages inutiles, parlant des EGR. Le temps approche cependant qu’il nous dise comment il entend faire pour être à nouveau candidat. Car la constitution est très claire à ce niveau en son article126 qui dit ceci: « Est obligatoirement soumis au référendum le projet ou la proposition de révision ayant pour objet l’élection du Président de la République, l’exercice du mandat présidentiel, la vacance de la Présidence de la République et la procédure de révision de la présente Constitution ». Comme on le voit donc, il ne s’agit pas là d’une clôture que l’on peut facilement sauter pour échapper aux problèmes. Wait and see.

Océane Yacé, Politologue, Monte-Carlo, Monaco.