La rencontre entre le président Pascal Affi N’Guessan, les secrétaires généraux de fédérations et les secrétaires nationaux, du FPI, samedi, à Cocody-Attoban, a été l’occasion pour le premier cité d’asséner des coups à ses adversaires qu’il accuse d’être des faussaires.

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Pascal Affi N’Guessan, président du Front populaire ivoirien (FPI)

S’il a gardé, jusque-là, le silence, le président du Front populaire ivoirien (FPI), Pascal Affi N’Guessan, a tenu à rencontrer les secrétaires généraux de fédérations de son parti, pour évoquer, avec eux, les questions brûlantes de l’heure, «pour faire le point, en ce début d’année, des questions d’urgence» qui assaillent l’ancien parti au pouvoir. Objectif : faire de ces collaborateurs des relais sur le terrain, pour apporter aux militants, des réponses aux questions qu’ils se posent. Affi N’Guessan a profité de la rencontre pour lancer des piques bien senties à ses adversaires au sein du Front populaire ivoirien. Ci-dessous, de larges extraits des échanges qui ont eu lieu au siège provisoire du FPI, sis à Cocody-Attoban.

Les enjeux, les acteurs de la crise au FPI et leurs motivations

«Nous nous battons tous pour le contrôle du parti, que ce soit de leur côté ou du nôtre. Je me bats pour qu’on reste et qu’on continue, eux ils se battent pour me dégager afin de s’installer. Cela aurait été un miracle si après le 11 avril 2011 on trouvait le FPI dans le même état d’esprit, la même posture qu’avant cette date. Il y a des questionnements : quelle ligne politique et avec quels hommes envisager l’avenir du parti, l’avenir des cadres et de la Côte d’Ivoire ? Il y a deux camps qui s’appuient à la fois sur deux analyses différentes de la situation et sur deux orientations différentes de la politique à mener. Il y a le camp des «Gbagbo ou rien» et il y a le camp des «Gbagbo et nous» et dans tous les deux camps, Gbagbo est présent. Ceux qui disent «Gbagbo ou rien» résument leurs actions à Gbagbo. Ce sont ceux qui ne veulent pas bouger, qui ne veulent rien faire (…) “ On ne veut rien, on est fâchés, on veut se venger et tant qu’on n’a pas fait cela, on n’a pas le cœur apaisé.” Ces camarades ont vécu la crise comme nous l’avons vécue, mais ils n’ont pas encore digéré et ils sont dans des logiques d’affrontement dictées par des ressentiments. Ils ne prennent donc pas en compte le rapport des forces, la réalité du moment (…) La situation s’est compliquée avec la direction intérimaire du FPI lorsqu’il y a eu la nomination d’un porte-parole de Gbagbo à Accra (…) C’est grâce aux secrétaires généraux de fédérations que le projet de ceux qui voulaient changer les choses n’a pas abouti. A la surprise de tous, nous avons été libérés le 6 août 2013 et notre retour est venu compliquer les choses. Ils avaient tous calculé que je ne devais pas sortir, que ce soit à Accra ou en Côte d’Ivoire, parce que cela bouleversait leurs plans. C’est dès cet instant que l’idée de ce que je vais tourner la page de Gbagbo est née (…)».

La suspicion au FPI

Demba Traoré

Demba Traoré

«(…) les gens sont restés dans la logique de me diaboliser, de m’empêcher de travailler et c’est lorsqu’il a fallu lever le mot d’ordre du boycott du RGPH que la crise a été portée au grand jour. Ce que nous vivons tire ses origines depuis le 11 avril 2011. Ceux qui sont en exil ne veulent pas que le parti avance parce que si c’est le cas, ils seront remplacés. Tous ceux qui parlent ont un problème personnel (…) Je n’ai pas de complexe parce que l’un des enjeux de la crise, c’est de savoir si on doit laisser le FPI entre les mains de ceux qui pensent que c’est leur bien privé, qui vont s’asseoir à ne rien faire. Ce n’est pas de cette manière que nous allons sortir Gbagbo de prison, libérer les Ivoiriens et revenir au pouvoir. C’est pourquoi en face de ce camp, nous disons «Gbagbo et nous». Nous n’allons pas bouder les choses, nous allons rentrer dans la vie politique, dialoguer, négocier. Nous allons faire un effort sur nous-mêmes pour dépasser nos frustrations, nos humiliations. «Gbagbo et nous», c’est le camp de ceux qui se sont élevés au-dessus des humiliations et des frustrations. (…) les autres sont atteints d’un syndrome post traumatique (…)».

Les «Gbagbo ou rien»

Du point de vue des capacités politiques, Ceux qui sont «Gbagbo ou rien», si vous regardez bien, si ce n’est pas la frustration, c’est très souvent l’inexpérience. C’est parce qu’ils n’ont jamais eu à assumer de hautes responsabilités dans ce pays. Comme je leur dis, pour faire la politique en Côte d’Ivoire, il y a le peuple, le pouvoir politique et la communauté internationale. Ce sont les pieds sur lesquels repose le jeu politique. Nous avons commencé à avoir des problèmes à partir du moment où la communauté internationale a commencé à nous échapper et nous sommes tombés. Maintenant qu’on veut se relever, comment on gère cette communauté internationale ? Est-ce qu’on peut se relever sans eux ? Ou est-ce qu’alors qu’on est à terre, on doit les menacer ? Si on dit cela, est-ce que cela peut nous permettre de nous relever ? Dans tous leurs discours, ce ne sont que des menaces du genre : «vous les blancs là, vous allez voir avec nous». Ce que nous devons gérer, c’est la communauté internationale. Ce que nous devons leur dire, c’est que même si on est tombés, on est encore là pour jouer notre partition dans le développement du pays. Les morts, on ne peut pas les ressusciter mais on peut préparer l’avenir. La solution, c’est la négociation, c’est la paix, c’est le dialogue. Et on le dit en nous mettant au dessus de nos frustrations, de nos humiliations.

Concernant Hubert Oulaye et Assoa Adou

«Hubert Oulaye nous insulte, pourtant il est content d’être en Côte d’Ivoire. Assoa Adou a un mandat d’arrêt contre lui, mais il a oublié cela. J’ai fait en sorte qu’il rentre, il porte des costumes maintenant, il peut se promener, il a été escorté de Noé jusqu’à Abidjan et il vient s’asseoir pour m’insulter. Quand les policiers l’ont escorté ce n’étaient pas les policiers de Ouattara. S’il trouve que ce que j’ai fait n’est pas bon, qu’il retourne à Accra. Vous qui les regardez, sachez que ce n’est pas avec eux qu’on peut libérer le président Gbagbo, reconstruire le parti et reconquérir le pouvoir d’Etat».

Celui qui a imité la signature de Gbagbo

Stéphane Kipré

Stéphane Kipré et son épouse

« (…) Parmi ceux-là, dans leur camp, il y a beaucoup des faussaires. Il y a un même qui a imité à l’époque la signature du ministre de l’Economie pour accorder un agrément de 180 mille tonnes de cacao à une entreprise et il a empoché près de 4 milliards de F Cfa. Je sais que c’est lui qui a fait cette lettre. Ce sont des faussaires, on les connaît ici et ils vont se cacher en France pour essayer de nous emmerder. S’il est garçon, qu’il vienne. Si ce n’est pas Gbagbo, il serait en prison aujourd’hui. S’il n’était pas un proche de Gbagbo, il serait en prison. Aujourd’hui il est assis en France et il nous emmerde. Alors que c’est un faussaire connu de tout le monde».

Nady Bamba, «pivot» des frondeurs

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Nadi Bamba

«(…) Dans cette affaire, il ne faut pas oublier Nady Bamba. C’est elle le pivot, les autres ne sont que des instruments. Et c’est très souvent ses journaux qui sont à la pointe du combat contre nous. Elle attend qu’on me chasse pour rentrer en Côte d’Ivoire avec son groupe constitué de Demba Traoré, Stéphane Kipré,…Elle nous a suffisamment fait de mal, parce qu’elle est pour beaucoup dans notre chute (…) Aujourd’hui Nady Bamba est engagée à fond dans cette affaire de FPI pour récupérer le parti (…)».

L’appel de Mama

«Depuis 2007-2008 quand Soro Guillaume est devenu Premier ministre, c’est Nady Bamba qui a tout fait pour qu’il devienne le chouchou de Gbagbo, à telle enseigne que Konaté Sidiki disait qu’Affi et le FPI sont contre Gbagbo (…) Nous avons tenu une réunion au palais présidentiel au cours de laquelle j’ai dit au président Gbagbo que le désarmement est la clé de la victoire (…) Si le FPI était uni, nous avons toutes les chances de revenir au pouvoir en 2015, parce que le candidat que tout le monde craint c’est Affi N’Guessan (…) Si Gbagbo veut être candidat, il ne va pas se cacher pour le faire savoir. Parce qu’il a confié le parti à quelqu’un en 2001. S’il veut reprendre le FPI, la première personne qu’il va saisir c’est moi. C’est ce que nous avons fait en 2010, ce n’est pas un groupe de quatre fédéraux qui l’ont choisi comme candidat en 2010. Gbagbo est plus préoccupé par les actions à mener pour sortir de prison (…)». L’objectif de cette réunion, a informé Affi N’Guessan à l’entame de la rencontre était d’envoyer des missions sur le terrain pour expliquer la crise qui secoue son parti, afin qu’ils la comprennent mieux. Des missions qui seront mises en route dès le week-end prochain. Il a également informé que le 4ème congrès du FPI, se tiendra probablement fin février début mars.

Par M’Bah Aboubakar

Source : L’Expression du Lundi 05 Janvier 2015

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