Mon avis est que le Président Ouattara n’a pas le choix, il ne peut pas ne pas être candidat : il s’agit pour lui, d’une part, d’éviter l’implosion du parti RHDP qu’il a créé, et d’autres part, il s’agit pour lui de mener l’ultime combat contre une idéologie haineuse et identitaire incarnée par Henri Konan Bédié qui en a été l’instigateur et qui en est aujourd’hui le porte flambeau.

C’est un combat contre une idéologie politique haineuse et identitaire qu’il mène depuis 1993 et dont il a été non seulement une victime, mais la principale figure de proue de la résistance.

C’est à cause de lui qu’un pan entier de la population à été victime d’ostracisme, de haine et d’une volonté d’hiérarchisation ethnique de la société Ivoirienne.

C’est avant tout un combat personnel qui a des répercussions nationales, et il ne peut se dérober.

S’il a décidé de ne pas se représenter pour laisser AGC, poursuivre le combat dont il était le commandant en chef, c’était une décision d’éthique personnelle, fondée sur la conviction qu’une alternance générationnelle était nécessaire. C’était une décision morale, et non une décision qui lui était imposée par la nouvelle constitution qui abroge les dispositions de la précédente et qui met les compteurs à zéro. D’ailleurs il disait : la constitution me permet d’être candidat si je le veux, mais je crois qu’il est temps de céder la main à une autre génération.

Avec le décès du premier ministre Amadou Gon Coulibaly, le Président Ouattara reste au sein de son parti, la seule personnalité qui puisse fédérer et qui peut éviter une implosion interne au RHDP.

Sur le plan éthique et moral il peut désormais légitimement revenir sur sa décision, sans que cela soit perçu comme une incohérence et inconstance politique.

Le Président Ouattara a un double combat à mener, celui de l’unité de sa formation politique et celui contre une idéologie identitaire, de haine, de rejet et de régression, incarnée par Henri Konan Bédié.

Je pense qu’il ne peut pas se dérober, car ce serait l’acte le plus “lâche” de sa vie politique : il ne peut pas abandonner ses compagnons, au moment où ils ont le plus besoin de lui, pour prendre le commandement d’un combat qui leur a été imposé à cause de lui.

Doumbia Major, Président du CPR