Par Simplice Ongui
Le PDCI-RDA traverse-t-il une crise de gouvernance ouverte ? Un message sur Facebook (https://www.facebook.com/photo?fbid=1119196763645969&set=a.128629852702670) attribué à Pr Maurice Kakou Guikahué, Vice-Président du Parti, vient relancer les interrogations sur la solidité des institutions internes du vieux parti. L’hypothèse de l’authenticité ou non de ce message pose à elle seule deux scénarios lourds de conséquences.
Et si ce message n’était pas de Guikahué ?
Dans ce cas, il s’agirait d’un faux politique, et donc d’une opération de déstabilisation interne. Une telle démarche relèverait d’une stratégie de manipulation visant soit à discréditer Guikahué, soit à enflammer les tensions au sein du parti. Ce serait la preuve d’une guerre d’influence où la communication politique devient un champ de mines.
Une vérification rapide s’impose : authentification des canaux, clarification publique de l’intéressé, et réaffirmation de la discipline communicationnelle au sein du PDCI-RDA.
Et si ce message est bien de Maurice Kakou Guikahué ?
Alors, la crise devient frontale et profonde. Plusieurs lignes de fracture apparaissent.
- Une dénonciation claire d’une gouvernance jugée irrégulière
Guikahué, en homme de texte et de parti, critique la tenue du 9e congrès extraordinaire du 14 mai 2025, organisé « sans Président ni Bureau du Congrès », en violation de l’article 39 du règlement intérieur. Il pose alors deux questions clés :
Quel est le nom du Président du 9e Congrès ?
Quelle est la composition de son Bureau ?
Ce questionnement met en doute la validité des décisions issues de cette instance.
- Une critique voilée de la direction actuelle
Sans contester la liberté du Président du parti, Guikahué suggère que cette liberté s’exerce dans un cadre devenu flou, et sans les garanties statutaires habituelles. Ce positionnement révèle une fracture de fond sur la méthode et la ligne politique.
- Un isolement politique ou un signal d’alarme ?
Il faut lire ce message comme un « dernier rappel à l’ordre » avant une séparation plus nette. Soit Guikahué veut amener le parti à se ressaisir, soit il prépare une prise de distance irréversible.
- Une lecture erronée ou délibérée du porte-parole ?
En pointant les commentaires de M. Bredoumy Soumahila, porte-parole du PDCI-RDA, Guikahué dénonce une interprétation biaisée de sa démission. Il réaffirme que son retrait s’explique non par un désaccord personnel, mais par le non-respect des textes du parti.
Une secousse institutionnelle pour le PDCI-RDA
Quelle que soit l’authenticité du message, cette affaire fragilise le parti. Elle révèle une méfiance croissante vis-à-vis de sa gouvernance, et laisse planer l’ombre d’une lutte de légitimité interne. Le PDCI-RDA peut-il encore prétendre à l’unité sans clarifier les procédures et restaurer la confiance ?
L’enjeu est d’autant plus important que le PDCI-RDA, fort de son histoire, se présente comme un recours moral et politique dans le paysage ivoirien. Or, les divisions internes et le non-respect des textes risquent d’affaiblir sa capacité à incarner une alternative crédible. Chaque flou statutaire, chaque conflit mal résolu, nourrit l’impression d’un parti en perte de boussole, d’un appareil dirigé par des arrangements plutôt que par le droit.
En outre, la jeunesse militante et les cadres de terrain attendent des réponses claires, des pratiques politiques exemplaires, et non des querelles de sommets. Dans une société ivoirienne de plus en plus critique et informée, l’opinion publique ne pardonne plus les violations de procédure ou les jeux d’appareil qui riment avec opacité.
Il y a là un enjeu de survie politique. Et une urgence de transparence statutaire. Seule une clarification rapide, suivie d’un sursaut démocratique interne, pourra éviter que cette secousse ne devienne un séisme durable pour le PDCI-RDA.
Conclusion
La force d’un parti réside autant dans la loyauté de ses militants que dans la solidité de ses institutions. Le PDCI-RDA, héritier d’une longue tradition politique, ne peut se permettre le luxe de l’improvisation ni de la division au sommet. Ce moment de crise peut devenir une opportunité historique : celle de se refonder sur une base statutaire claire, de renouveler la confiance avec ses militants et de redevenir un acteur politique incontournable dans la République.
Mais cela exige du courage, de la lucidité, et un retour sans équivoque à l’esprit des textes qui fondent le Parti. Si le PDCI-RDA réussit ce tournant, il pourra affronter les défis futurs avec autorité. Sinon, il risque de devenir un géant au pied d’argile, prisonnier de ses silences, de ses ambiguïtés, et de ses rancunes internes.
Simplice Ongui
osimgil@yahoo.co.uk