
M. Aurélien Taché, député français, ivrogne et perturbateur dans les théâtres parisiens/photo/Jacques Witt
Par Simplice Ongui
Le 13 mai 2025, l’Assemblée nationale française a vu l’un de ses députés, M. Aurélien Taché, interpeller le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères à propos de la situation politique en Côte d’Ivoire, appelant notamment à un audit indépendant de la liste électorale ivoirienne.
Sous couvert de préoccupations démocratiques, ce député a dressé un tableau sombre du processus électoral ivoirien, évoquant une prétendue exclusion de figures politiques de l’opposition, des irrégularités massives dans les fichiers électoraux, et des soupçons de fraude à grande échelle. Il a également mis en cause la gestion d’un projet financé par l’Union européenne et la France, en lien avec l’identification civile de la population ivoirienne.
Sans être opposé, en tant que citoyen concerné, à une révision rigoureuse et transparente de la liste électorale en Côte d’Ivoire – indispensable pour garantir la légitimité des scrutins et la confiance des électeurs – je tiens à rappeler une vérité fondamentale : la Côte d’Ivoire n’est ni un territoire d’Outre-mer, ni un département français. C’est un pays indépendant et souverain.
Il n’appartient donc ni aux élus français, ni à une quelconque puissance étrangère, d’intervenir dans les mécanismes électoraux internes d’un État africain souverain, fût-ce sous prétexte d’aide au développement ou de soutien à la démocratie. La démocratie ne se décrète pas depuis Paris. Elle se construit, dans la complexité de l’histoire, du droit et des réalités locales, par les Ivoiriens eux-mêmes.
Ce genre de prise de position, même formulée au nom de la transparence, renforce une perception déjà trop répandue : celle d’un paternalisme postcolonial mal dissimulé. L’appel à l’audit de la liste électorale ivoirienne doit venir des instances ivoiriennes compétentes ou de la société civile nationale, non d’un député étranger s’exprimant au sein d’un hémicycle étranger.
Le rôle des partenaires internationaux doit rester celui de l’appui, du respect et de la coopération, jamais celui de l’immixtion dans des affaires strictement nationales. C’est à ce prix que l’Afrique gagnera en dignité et en responsabilité.
Simplice Ongui
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