Prof. Hubert Oulaye, Président Exécutif du PPA-CI.

par Adingra OSSEI

Dans un communiqué rendu public le 20 décembre 2022, le président de la Commission électorale indépendante (CEI), Coulibaly-Kuibiert Ibrahime, indique que « la 10ème session des Commissions électorales (CEI), en Côte d’Ivoire, en vue de la conduite de la phase de recensement électoral de la révision de la liste électorale en 2022, est prorogée jusqu’au 27 décembre 2022 ».

Débuté le 19 novembre 2022, l’opération de révision de la liste électorale initialement prévu pour prendre fin le 10 décembre dernier, est une énième fois reconduite pour sans doute, permettre aux nouveaux majeurs non encore inscrits ou aux ivoiriens désireux de changer de lieu de vote, de se rendre dans les centres d’enrôlement CEI ouverts sur l’ensemble du territoire ivoirien.

Bien avant le communiqué de la CEI, dans une déclaration en date du 17 décembre 2022, le Parti des Peuples Africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI) avait émis le vœu de la prorogation du processus, en raison de plusieurs faits qui sapent la crédibilité de la phase du recensement électoral et la révision de la liste électorale et qui pourraient mettre à l’écart de milliers de potentiels électeurs.

« La défaillance de la campagne d’information et de sensibilisation de la population, la délocalisation de plusieurs centres d’enrôlement sans information préalable, le non respect des programmations–calendaires établies par les CEI locales et communiquées aux populations », sont succinctement les dysfonctionnements administratifs soulevés par le Professeur Hubert Oulaye, Président exécutif du PPA-CI, le 17 décembre 2022, dans la déclaration du PPA-CI, relatif à l’opération de révision de la liste électorale 2022.

Coulibaly Kuibiert Ibrahim, président de la CEI

Il faut souligner que, depuis l’entame de la 5ème opération de révision de la liste électorale en Côte d’Ivoire, les partis de l’opposition sont  vent debout contre plusieurs pratiques jugées non démocratiques, apparemment entretenues par le parti au pouvoir, qui entend rafler toutes les élections locales de 2023, pour conforter sa représentativité et sa popularité avant les élections présidentielles prévues en 2025.

Si le RHDP, reste coi sur les accusations de fraude à son encontre, l’opposition ivoirienne, quant à elle continue de dénoncer et d’interpeler la CEI, à l’instar du député-maire de Tiassalé, Tiémoko Assalé, qui  dans une sortie qui a fait le tour des réseaux sociaux  en novembre dernier, avait ouvertement dénoncé le phénomène de la transhumance des électeurs dans sa commune en indiquant que « sous le prétexte que le président de la CEI aurait déclaré sur NCI que les nouveaux majeurs pouvaient s’enrôler partout sur l’étendue du territoire, la délégation RHDP de Tiassalé, n’ayant aucune confiance dans la population de Tiassalé, a décidé de remplacer la population électorale, par une autre population électorale venue d’Abobo, notamment du quartier Belleville et d’autres quartiers d’Abobo ».

Pour sa part, Hubert Oulaye, soutient-il que « le code électoral permet le changement de lieu de vote tout en encadrant cette faculté, cela pour empêcher le phénomène de la transhumance frauduleuse tant décrié lors des différentes phases du dialogue politique. Malheureusement, le PPA-CI a observé le convoyage de milliers de personnes, qui ne sont nullement des nouveaux majeurs, dans des villes et villages où ils n’ont visiblement ni domicile, ni résidence fiscale ou un quelconque intérêt économique, prétendant vouloir changer de lieu de vote. Si le cas de la circonscription de Tiassalé a fait la une des journaux, à la vérité, cette pratique antidémocratique à laquelle certains politiques en mal d’audience électorale se sont livrés, a donné lieu à des échauffourées sur les sites d’enrôlement dans presque toutes les régions et districts du pays. »

En dépit donc du communiqué de la CEI du 29 novembre 2022, indiquant les conditions d’inscription sur la liste électorale et du rappel par Coulibaly-Kuibiert Ibrahime   des poursuites judiciaires pouvant être encourues, sanctionnées par des peines d’emprisonnement allant de 6 mois à 1 an, ce sont plusieurs milliers d’électeurs d’origine souvent douteuse qui sont convoyés comme du « bétail » dans plusieurs centres d’enrôlement du pays pour se faire recenser et enrôler sur la liste électorale. Et ce, au profit de certains candidats issus ou proches du RHDP, le parti au pouvoir, au grand dam de la démocratie.

Les enjeux des futures élections municipales et régionales en C ôte d’Ivoire sont du point de vue politique, extrêmement important pour les différentes formations politiques, qui devront s’assurer un ancrage politique et une forte représentativité dans plusieurs  villes et régions du pays pour garantir au mieux leur suffrage aux élections présidentielles de 20225, qui s’annoncent épique et virulente avec les trois « frères-ennemis » qui officieusement sont en lice pour 2025.

Déjà pour 2023, des menaces ab initio, sur la transparence du processus électoral sont perceptibles avec des cas de menaces signalés selon le Président Exécutif du PPA-CI, le Professeur Hubert Oulaye, sur plusieurs médecins  sommés de délivrer des certificats d’âge physiologique en l’absence des requérants afin que ceux-ci puissent, par la suite, se faire établir des jugements supplétifs et cela, dans plusieurs régions du pays.

Les cas de fraude sur la nationalité ivoirienne, qui datent de plusieurs décennies, sont à nouveau évoqués et dénoncés par les partis de l’opposition et par les ivoiriens qui dans certaines villes et régions du pays font volontairement et « civiquement » le contrôle à l’entrée des centres d’enrôlement, sur des requérants jugés étranges ou méconnus, dans les quartiers ou villages.

« Le PPA-CI a été informé qu’outre les certificats de résidence préétablis complaisamment distribués à des pétitionnaires inconnus dans les zones d’enrôlement, des actes de naissance ont été également frauduleusement établis et remis généralement à des non nationaux. Ainsi, il a été constaté qu’une même femme a donné naissance à une cinquantaine d’enfants en moins de cinq ans. Cela a été découvert lorsque l’administration judiciaire a rejeté les demandes de certificats de nationalité introduites pour ces personnes. », a laissé entendre une fois de plus le Professeur Hubert Oulaye avant de s’inquiéter sur la suite des évènements dans le pays, tout comme bon nombre d’ivoiriens, « Au regard de tous ces dysfonctionnements administratifs et des pratiques observées sur le terrain, le PPA-CI exprime ses vives inquiétudes quant à la transparence et au caractère apaisé des élections à venir ».

Adingra OSSEI