Justin Koné Kantian, le porte-parole du PPA-CI

Le Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), par la voix de son porte-parole Justin Koné  Katinan, a au cours de la 11e tribune  du PPA-CI, du jeudi 12 janvier 2023, contredit et fait des révélations de ce que Charles Blé Goudé n’a introduit aucune demande d’audience pour rencontrer Laurent Gbagbo.

En conférence de presse dans la matinée du 11 janvier 2023, à la Maison de la presse Abidjan-Plateau, Charles Blé Goudé a dans une intervention fleuve, fait le tour de l’actualité politique du pays et évoqué ses ambitions pour la Côte d’Ivoire et indiqué avoir introduit une demande d’audience pour rencontrer son « mentor » Laurent Gbagbo et qu’il reste à cet effet dans l’attente.

Faux, répond Justin Koné Kantian, le porte-parole du parti de Laurent Gbagbo, qui à l’occasion de la 11e tribune du PPA-CI, le jeudi 12 janvier 2023, a été large et catégorique sur la question, « non je vous le dis honnêtement, le PPA-CI n’a pas encore reçu de demande d’audience formulée par le ministre Charles Blé Goudé à l’endroit du président Laurent Gbagbo » a-t-il asséné.

Et d’ajouter que « le président Laurent Gbagbo est là et Charles Blé Goudé sait où il est. Il connaît la maison. Jusqu’à preuve du contraire il y allait sans rendez-vous quand il avait l’envie de le voir. Il n’y a aucune raison qu’aujourd’hui la rencontre entre les deux personnes devienne un sujet  de spéculation politique. Sauf si finalement on a laissé tomber toutes  les cloisons sociales et que finalement tout se révèle en termes politiques ».

Voici qui est clair, la relation abyssale entre Charles Blé Goudé, aujourd’hui à la tête du Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (Cojep) et ses ex camarades socialistes du PPA-CI, a atteint un point difficilement conciliable, étant donné que l’ex leader des jeunes « patriotes », revenu depuis peu au pays, est accusé d’être de mèche avec le parti d’Alassane Ouattara, le RHDP.

Et pourtant, Charles Blé Goudé, reste sur sa ligne défensive « je n’ai pas d’accord politique avec le Rhdp» et «  je n’ai pas de conflit avec le président Laurent Gbagbo », « Il n’y a pas de rupture entre Laurent Gbagbo et moi. Pour qu’elle soit consommée, il faut qu’elle existe ou ait existé. Il est mon père mais j’existe politiquement. Cela ne m’empêche pas de vivre » soutient-il à tue-tête.

Renégat, Brutus, sont entre autres qualificatifs attribués aujourd’hui  à Charles Blé Goudé, le « Général de la rue » sous le régime de Laurent Gbagbo dans les années 2002 à 2011.

À la fois tribun et populiste, le jeune leader, sorti des entrailles de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI), a pourtant su mobiliser la République en proie à une rébellion alimentée et entretenue par la France chiraquienne, autour des valeurs patriotiques et démocratiques pour la défense de la mère patrie.

Acquitté en mars 2021 par la Cour Pénale Internationale, à la suite d’un long procès pour crime contre l’humanité, Charles Blé Goudé, de retour au pays, après 11 années d’absence, semble avoir changé de fusil d’épaule, mais reste fidèle à ses ambitions de diriger la Côte d’Ivoire, « il ne faut pas priver l’Afrique de son atout qui est sa jeunesse. Ma formation est terminée. J’ai servi derrière, j’ai servi au milieu, maintenant j’ai décidé de servir devant » dévoile-t-il.

En fin stratégiste, Charles Blé Goudé, a sûrement fait sien, dans le sens positif du terme, du principe cardinal de la « République des traitres », qui indique que « celui qui aspire à devenir président est presque condamné à trahir un jour pour accéder à ce trône unique, tant convoité », autrement dit, la trahison relève tout simplement du registre de l’émancipation et de la conquête du pouvoir.

À contrario, l’ex leader des jeunes patriotes entend tout simplement voler de ses propres ails, plus tôt qu’appartenir à un parti politique avec sa direction, qui briserait ses légitimes ambitions.

Peut-on croire que les partisans de Laurent Gbagbo, aguerris par de longues années de lutte politique depuis la clandestinité, ont-ils eu le flaire de rompre si tôt, les amarres d’avec le camarade Charles Blé Goudé ?

Dans tous les cas, le dynamisme de la vie politique ivoirienne, comme ailleurs, rime avec la trahison, le parricide où la volonté de prendre la place de son mentor et, cela existe depuis des lustres dans l’histoire politique des nations, comme des effets naturels de la compétition.

N’est-ce pas une courte vue de croire, que Charles Blé Goudé, qui se contente de remercier les autorités du pays d’avoir facilité son retour au pays, de s’engager pour la paix et la réconciliation nationale ainsi que pour des institutions fortes, au prix de la stabilité politique et des élections sans violences en Côte d’Ivoire, soit un parricide ?

L’histoire, le tribunal du peuple, livrera très certainement son verdict au seuil des élections présidentielles de 2025, afin que la vérité sur la posture de Charles Blé Goudé illumine les consciences.

Pour l’heure, les suppositions de la rupture entre Charles Blé Goudé et son « mentor », Laurent Gbagbo vont bon train et le silence troublant du président du PPA-CI à ce sujet, donne libre court aux interprétations qui déconstruisent la gauche ivoirienne, déjà émiettée, amorphe et inaudible.

Adingra OSSEI