Abidjan, 10 octobre 2014 – Deux ans après la découverte de 6 corps dans un puits de la périphérie de Duékoué, dans l’Ouest du pays, nos organisations s’inquiètent de l’enlisement des procédures judiciaires relatives aux crimes commis dans cette région et, plus largement, appellent à des avancées concrètes dans les procédures concernant la crise post-électorale au niveau national.
Ces fouilles auraient dû être réalisées en coordination avec celles des fosses communes de la crise post-électorale à Duékoué, qui n’ont pas non plus eu lieu. Cela démontre la nécessité de renforcer les moyens à allouer à la Cellule spéciale d’enquête et d’instruction, chargée d’instruire les crimes commis pendant la crise post-électorale, conformément au décret présidentiel du 31 décembre 2013 prévoyant sa reconduction. Malgré ces difficultés récurrentes, la Cellule a manifesté sa volonté de faire progresser les procédures d’instruction, à travers des actes judiciaires récents encourageants pour les parties civiles. Nos organisations réitèrent leur appel à régulariser cette situation et à permettre aux magistrats instructeurs de mener à bien leur mission.
En attente d’exhumation, l’un des onze puits de Togueï, sous la protection de l’ONUCI, octobre 2014 (Crédits : FIDH)
« Au moment où la Commission Dialogue Vérité et Réconciliation affirme avoir terminé son travail, nous sommes préoccupés par les faibles moyens mis à la disposition de la justice nationale, qui est pourtant une composante essentielle d’une réconciliation véritable. Nous appelons donc le gouvernement à concrétiser enfin sa volonté affichée de lutter contre l’impunité, en prenant les mesures nécessaires au bon exercice de la justice », a déclaré Me Drissa Traore, vice-président de la FIDH et avocat des victimes.
Le président de la Commission Dialogue Vérité et Réconciliation (CDVR) a affirmé le 1er octobre avoir achevé le plan d’action prévu pour la réconciliation nationale. Pourtant, si le travail de terrain des commissions locales de la CDVR a permis d’entendre plus de 64 000 personnes, de nombreux doutes subsistent quant aux suites réelles qui seront données à ce travail. Les conditions de sélection, d’audition et de restitution des témoignages des victimes au cour des audiences publiques qui se sont tenues à Abidjan du 8 au 30 septembre ont laissé les observateurs présents particulièrement perplexes, alors même que les auditions des victimes par les commissions locales se sont poursuivies jusqu’au 10 octobre, comme l’a constaté une mission de nos organisations.
File d’attente devant la commission locale de Duékoué, le 9 octobre 2014 (Crédit : FIDH)
Rappel des faits :
Le 20 juillet 2012, le camp de personnes déplacées de Nahibly, situé à la sortie de la ville de Duékoué (ouest de la Côte d’Ivoire) est attaqué par des jeunes encadrés et soutenus par des éléments des Forces républicaine de Côte d’Ivoire (FRCI) et des chasseurs traditionnels Dozos. Sept personnes ont été retrouvées mortes, par balles et par incendie, dans l’enceinte du camp, tandis que plusieurs dizaines sont toujours portées disparues.
Les rapports FIDH-MIDH-LIDHO :