Discours de Michaëlle Jean à Yaoundé, le 15 avril 2015

Lors de la cérémonie de remise des insignes de Docteur Honoris Causa de l’Université de Yaoundé I. 

 Michaëlle Jean

Monsieur le Président du Conseil d’administration,

Monsieur le Recteur,

Mesdames et Messieurs les membres du corps professoral,

Chères étudiantes, chers étudiants,

Gratitude, bonheur, fierté, émotion, tels sont les sentiments forts qui m’animent en cet instant. 

C’est cette gratitude que je veux d’abord vous exprimer, Monsieur le Président du Conseil d’Administration, Monsieur le Recteur, Mesdames et Messieurs les membres du corps professoral, pour avoir voulu me distinguer aujourd’hui. 

Ces insignes de Docteur honoris causa de l’Université de Yaoundé I, je les reçois comme un présent précieux, que l’ancienne Chancelière de l’Université d’Ottawa estime, croyez-le bien, à sa juste valeur.

Quel bonheur de pouvoir vous saluer en vous appelant « chers collègues », car j’ai eu à vivre cette belle aventure qui est la vôtre, quand, avec grand enthousiasme, j’ai enseigné à la faculté d’études italiennes de l’Université de Montréal, mon alma mater.

Quel bonheur aussi de retrouver ces lieux, à nul autres pareils, où se transmet la connaissance, où s’éveille la conscience, où se forge l’esprit critique, où se construit la personnalité, car c’est aussi cela l’éducation : permettre à chaque femme et à chaque homme de devenir ce qu’il est au plus profond d’elle-même et de lui-même. 

C’est lui permettre de devenir une citoyenne et un citoyen à part entière, de mettre en perspective les situations difficiles lorsqu’elles surviennent, tout en faisant l’apprentissage de la communauté, du vivre-ensemble, du dialogue, du respect, de l’engagement collectif. 

Et que dire du bonheur également de pouvoir m’adresser à vous, chères étudiantes et chers étudiants de l’Université de Yaoundé I et de l’IRIC-Yaoundé II, ici réunis, pour l’occasion. 

J’ai eu déjà le grand plaisir d’échanger, en 2013, avec les étudiants de l’IRIC et il me tarde que nous reprenions, demain, notre conversation là où nous l’avions laissée.

Quelle fierté et quelle émotion, enfin, pour la femme noire que je suis, pour la femme noire qui garde au plus profond de son cœur et de sa mémoire la saveur et la couleur de cette terre d’Afrique à laquelle ont été arrachés ses ancêtres par la traite négrière. 

Quelle fierté et quelle émotion que d’être, pour la première fois, honorée par une université africaine.

C’est en Afrique, continent de mes origines, que m’ont conduite, voilà quelques années, mes premières visites d’Etat en qualité de gouverneure générale du Canada. 

C’est en Afrique que m’ont conduite, plus récemment, mes rencontres avec les chefs d’Etat avant qu’ils ne me fassent l’honneur de m’élire, lors du Sommet de Dakar, à la fonction qui est aujourd’hui la mienne. 

C’est en Afrique que me conduisent, depuis quelques semaines, mes premières visites officielles en qualité de Secrétaire générale de la Francophonie. 

Et aujourd’hui, comme hier, j’ai le sentiment de marcher sur des sentiers de l’espoir. 

Aujourd’hui comme hier, je constate la volonté, inébranlable et admirable, des populations de miser sur les forces de vie, et de défier sans cesse l’adversité.

Je me présente donc à vous l’esprit rempli de toutes ces promesses que recèle l’Afrique.

Des promesses portées et entretenues par les femmes et les hommes courageux et déterminés que j’ai rencontrés, année après année, au fil de mes séjours et encore tout récemment en Guinée, et aujourd’hui au Cameroun. 

Des promesses portées et entretenues, surtout, par les nouvelles générations que vous représentez, ici, dans cette amphithéâtre.

L’Afrique du XXIème siècle est en marche !

Oui l’Afrique est en marche vers son destin de grande puissance du XXIème siècle !

N’en déplaise à ceux dont l’intérêt pour l’Afrique n’est encore qu’un moyen et non une fin.

N’en déplaise à ceux dont l’intérêt pour l’Afrique n’est encore motivé que par le profit, par l’exploitation des richesses en matières premières.

N’en déplaise à ceux qui voient encore l’Afrique uniquement comme un continent convoité, comme un enjeu politique, économique ou militaire dans la concurrence géostratégique que se livrent certains acteurs.

Non seulement, l’Afrique est en marche, mais nous avons tous un intérêt bien partagé, en cette période de mondialisation, en cette période où les enjeux, les défis et les solutions sont devenus globaux, en cette période où, du fait de notre interdépendance, la prospérité et la sécurité des uns ne peuvent plus se construire au détriment ou au mépris des autres.

Nous avons tous un intérêt bien partagé à ce que l’Afrique joue pleinement sa partition dans le concert planétaire.

Un chiffre, un seul devrait nous en convaincre : en 2050, un quart de la population mondiale sera africaine ! 

Et c’est vous, qui n’êtes encore que de jeunes étudiantes et étudiants, qui porterez le souffle de ce quart de l’humanité. Vous en serez le moteur, n’en doutez pas, préparez-vous, ayez confiance en vous, vous en avez la capacité, il faut vouloir. Dites-moi que vous le voulez et que vous y croyez ! Je veux vous entendre ! 

Il faut rêver grand. Et 2050, c’est demain.

Ne laissez rien ni personne abimer ni saccager votre rêve.

Alors n’attendons pas 2050 pour reconsidérer la place légitime que l’Afrique est en droit de tenir dans les instances internationales où se prennent des décisions qui la concernent au premier chef. Il y va de la démocratisation des relations internationales, une idée chère à la Francophonie.

Je pense, bien sûr, à un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies. 

Je pense, aussi, à d’autres instances où l’Afrique doit tenir sa place, ces instances où la représentation politique et géographique, au plus haut niveau, continue de refléter l’état du monde tel qu’il était au lendemain de la Seconde guerre mondiale. 

Il n’est pas acceptable que nous nous retrouvions, au XXIème siècle, comme si les indépendances n’avaient pas été partout gagnées, comme si l’Apartheid n’avait pas été éradiqué, comme si la guerre froide et la bipolarité du monde n’avaient pas pris fin ! 

Comme si, surtout, les pays africains n’étaient pas les mieux placés pour définir leurs priorités, leurs choix, leurs stratégies, leurs solutions. 

Comme si les pays africains n’étaient pas les mieux au fait de leurs réalités de terrain et de leurs spécificités.

N’attendons pas 2050 pour en finir avec cette perception tronquée et encore trop largement répandue d’une Afrique assistée, enfermée dans une relation asymétrique donateur-bénéficiaire. L’Afrique est désormais un partenaire, un partenaire à part entière et un acteur incontournable. 

Il faut en finir, aussi, avec cette perception d’une Afrique vouée au sous-développement. 

De plus en plus de pays africains, à l’instar du Cameroun, sont désormais sur la voie de l’émergence. 

Il faut en finir, enfin, avec cette perception d’une Afrique de tous les fléaux, de tous les défis. Car, la plupart de ces défis, nous les partageons tous.

Défi démographique : mais est-ce un défi propre à l’Afrique au moment où d’autres continents, d’autres pays sont, eux, confrontés au vieillissement de leur population ? Or l’Afrique est un continent de jeunesse et c’est une chance. 

Elle veut et elle doit porter et faire fructifier la force de toutes ses filles et de tous ses fils. 

Défi de l’urbanisation : mais est-ce un défi propre à l’Afrique au moment où, pour la première fois de l’histoire de l’humanité, la population urbaine est devenue, de par le monde, plus importante que la population rurale ? Les villes africaines se modernisent, elles souhaitent et elles peuvent être des niches d’innovation.

Défi de l’environnement : mais est-ce un défi propre à l’Afrique, qui se classe parmi les moins pollueurs, mais qui sera pourtant parmi les plus durement touchés par les effets du réchauffement climatique, par la désertification galopante, par la chute de la biodiversité, qui constitue l’une de ses principales richesses ? La Francophonie se mobilise pour que l’Afrique puisse se faire bientôt entendre et arriver avec des idées fortes à la grande Conférence des parties sur les changements climatiques qui se tiendra à Paris en décembre prochain.

Défi d’un emploi décent et porteur d’avenir pour tous les jeunes : mais est-ce un défi propre à l’Afrique ? La Francophonie, avec ses stratégies numérique et économique, n’a d’autre ambition que d’accompagner prioritairement la professionnalisation des jeunes, leur esprit créatif et leur désir d’entreprendre.

Défi de la dette : mais est-ce un défi propre à l’Afrique au moment où cet autre grand continent, l’Europe, est aux prises avec des politiques de réduction des déficits budgétaires, suite à un endettement public considérable ?

Défi de la sécurité et de la paix : mais est-ce un défi propre à l’Afrique au regard de l’internationalisation du terrorisme, de la prolifération du crime organisé et de la diversité des moyens utilisés, comme en témoigne la récente cyberattaque contre TV5 monde ? Des actions concertées montrent comment l’Afrique et votre pays, le Cameroun, se mobilisent courageusement et vaillamment dans la lutte contre le terrorisme.

Défi de la gouvernance : mais est-ce un défi propre à l’Afrique au moment où les vieilles démocraties sont, de l’intérieur, attaquées par la montée des extrémismes et des nationalismes, d’une part, et l’abstentionnisme, d’autre part ? 

Quant à la corruption, souvent évoquée, est-elle, en toute sincérité, un défi propre à l’Afrique ? Nous avons tous nos affaires et j’en appelle à une éthique de la responsabilité ! 

La responsabilité, c’est adopter une conduite exemplaire dans l’intérêt supérieur de nos pays, dans le respect de l’intérêt général et du bien commun.

L’Etat de droit est en marche, pour preuve : en 1973 seuls trois pays africains organisaient des élections multipartites. 

Alors que de chemin parcouru en moins de cinquante ans !

Et puis, à quel titre se montrer plus impatients vis à vis de l’Afrique, alors que nous savons pertinemment qu’il a fallu des décennies, faites d’avancées et de ruptures ou de reculs, pour que s’enracine durablement la culture de la démocratie et de l’Etat de droit sur d’autres continents ? 

Même si je ne doute pas que l’Afrique, dans ce domaine de la gouvernance comme dans d’autres, n’a pas fini de nous surprendre. 

Il n’est qu’à voir, plus encore depuis les printemps arabes, la mobilisation de la jeunesse qui clame sa confiance dans les valeurs de la démocratie, de l’Etat de droit, des droits et des libertés. 

Nous devons toutes et tous, et je m’y emploie avec détermination, nous devons toutes et tous entendre, écouter, dialoguer avec cette jeunesse pétrie d’idéal et nourrie de valeurs universelles. 

Leur état de veille et d’implication citoyenne, votre état de veille et d’implication citoyenne, est salutaire pour l’avancement de nos sociétés et pour l’avancement du monde. 

Alors n’attendons pas 2050 pour admettre, humblement, que nous sommes tous confrontés à ces différents défis, dont la plupart je le disais, transcendent les frontières.

N’attendons pas 2050 pour admettre, humblement, que personne, aucun Etat, aucun groupe d’Etats, si puissant soit-il, n’est en droit d’imposer au reste de la planète, ses solutions, sa vision de l’avenir, de notre avenir commun. Persister dans l’indifférence, l’égoïsme, l’isolationnisme, le cynisme dont sont parfois coupables les Etats, serait une forme de suicide collectif planétaire.

C’est en nous unissant, en nous entraidant, solidairement, fraternellement, dans une éthique de partage que nous parviendrons à relever ces défis. 

Solidairement, fraternellement, j’insiste ! Car ce géant en marche qu’est l’Afrique est aussi le continent de tous les contrastes et de toutes les démesures, le continent où ces défis se posent à grande échelle et souvent de manière extrêmement aiguë.

Alors n’attendons pas 2050 pour admettre que l’Afrique a résolument pris son destin en mains, que la grande majorité des pays du continent fournissent depuis des années des efforts considérables pour relever la plupart de ces défis. Et les résultats sont là !

Pour autant, n’attendons pas 2050, pour admettre en toute conscience, que la nature et le volume des actions de coopération bilatérale ou multilatérale, déployées en Afrique, n’ont pas été à la hauteur des enjeux et font preuve d’une stagnation préoccupante, alors qu’elles sont plus que jamais nécessaires.

Sinon comment expliquer que nous ne serons pas en mesure d’atteindre, à la fin de cette année 2015, les Objectifs du Millénaire pour le développement ? Et pourtant, rappelons-nous l’engagement solennel pris par tous les Etats de la planète en 2000 !

Sinon comment expliquer que nous sommes obligés de nous engager, à nouveau, sur un Programme de développement pour l’après 2015 afin d’éradiquer, partout, la pauvreté et la faim, afin d’améliorer, pour tous, la santé et l’éducation, notamment pour les filles et les femmes, afin de bâtir des villes plus durables, afin de combattre les changements climatiques et de protéger les biens communs de l’humanité, afin, tout simplement, d’atteindre ce monde de prospérité, d’équité, de liberté, de dignité, de justice et de paix auquel tous les peuples, toutes les citoyennes et tous les citoyens sont en droit d’aspirer ?

Alors n’attendons pas 2050 pour admettre, enfin, que nous ne parviendrons à bâtir un tel monde qu’avec le concours de l’Afrique, qu’avec une Afrique de prospérité, d’équité, de liberté, de dignité, de justice et de paix, qu’avec toutes les forces vives de l’Afrique : ses agriculteurs, ses artisans, ses travailleurs, ses intellectuels, ses entrepreneurs, ses chercheurs, ses scientifiques, ses bons gestionnaires, ses créateurs, sa société civile, ses femmes, ses hommes et sa jeunesse de bonne et de grande volonté.

C’est cette Afrique de tous les possibles et de tous les espoirs qui est au cœur du projet francophone, parce que la Francophonie n’oublie pas qu’elle est née en terre africaine, parce que la Francophonie sait, aujourd’hui plus qu’hier, que son présent et son avenir, comme notre avenir à tous, se jouent aussi en Afrique.

Alors quand nos pays membres sont frappés au cœur par le terrorisme, comme depuis quelques mois, votre pays, le Cameroun, c’est toute la Francophonie qui se mobilise, à sa manière, avec ce qu’il faut appeler et reconnaître comme des armes efficaces.

Ces armes de construction massive que sont : l’éducation, la formation, la sensibilisation, l’information, la culture, le dialogue, la justice, l’accompagnement des actions menées par les organisations de la société civile pour combattre et prévenir l’embrigadement des jeunes par des mouvements obscurantistes et destructeurs, pour combattre les discours haineux, les appels à la violence, tout ce que nous mettons en œuvre pour prévenir l’isolement, le désœuvrement et le désenchantement des jeunes.

C’est toute la Francophonie qui se mobilise pour prévenir les crises et les conflits, mais aussi pour accompagner les pays en crise ou en sortie de crise, car nous savons bien que les manquements aux principes de la bonne gouvernance et de l’Etat de droit, sont assurément propices à la manipulation par les terroristes qui trouvent, dans les individus et les populations en rupture d’espoir, un terreau fertile. 

C’est toute la Francophonie qui se mobilise en faveur du développement humain, économique durable et inclusif, en faveur de la création d’opportunités pour l’insertion professionnelle des jeunes, avec ce sentiment d’urgence, l’urgence de donner aux jeunes les plus vulnérables les raisons de dire NON à ceux qui voudraient les entraîner à commettre l’irréparable ou à en être victimes.

C’est toute la Francophonie qui se mobilise dans une diplomatie active, par la voix de sa Secrétaire générale, pour maintenir la communauté internationale en état d’alerte, pour plaider au plus haut niveau pour que les engagements pris soient tenus et pour que les moyens nécessaires soient alloués. 

C’est d’ailleurs à ce plaidoyer que je me suis livrée, voilà un mois, auprès du Secrétaire général des Nations unies, ainsi que des Présidents de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité des Nations unies, pour que l’initiative régionale impulsée, la Force multinationale mixte courageusement engagée dans la lutte contre Boko Haram, reçoive une assistance financière, technique et logistique de la part de la communauté internationale. Et je ne cesserai de plaider en ce sens.

Face à ces violations massives des droits humains, face à ces crimes de guerre, ces crimes contre l’humanité, face à tant de souffrances et d’atrocités au quotidien, face à ces populations déplacées, déracinées, terrorisées, chaque voix compte, chaque geste posé compte ! Et il y a urgence !

Le partenariat noué entre la Francophonie et les pays d’Afrique repose donc depuis plus de quarante ans sur une volonté d’accompagner, dans un esprit permanent d’écoute, de dialogue et de respect de la diversité, les projets, les initiatives, les solutions conçues en Afrique et pour l’Afrique, tant dans les domaines politique, culturel qu’économique, notamment face à de tels fléaux qui viennent saccager tant d’efforts investis en faveur du développement, de la croissance et de l’émergence. 

Le partenariat noué entre la Francophonie et les pays d’Afrique repose aussi sur la volonté de mettre à disposition les expériences et les expertises de tout l’espace francophone qui se sont, au fil du temps, constituées en réseaux institutionnels, professionnels ou de la société civile. 

La force de notre partenariat repose, oui, sur notre volonté de mettre en commun des projets transnationaux, pour aller plus loin, toujours plus loin, dans le partage et le transfert des connaissances, le partage des marchés, le partage de nos bonnes pratiques et de nos réussites, car la réussite est contagieuse. 

Et c’est aussi cela la richesse de la Francophonie : la diversité des langues et des cultures de ses 80 Etats et gouvernements répartis sur les 5 continents. 

Nous, tous ensemble, qui sommes des peuples des déserts et des rizières, des îles et des continents, des forêts boréales et des forêts tropicales, des plaines et des montagnes. Oui, tous ensemble, nous pouvons témoigner de la condition humaine, de tous les défis sur notre planète, et des idées et des solutions les plus vigoureuses et lumineuses pour y répondre. 

C’est aussi cela le pari de la Francophonie, un pari moderne qui consiste à parler d’une même voix, dans le dépassement de nos différences, de nos disparités de développement, dans le dépassement, aussi, de nos divergences : au nom de valeurs universelles partagées, et grâce à une langue universellement partagée : le français.

Alors je voudrais vous dire la chance qui est la vôtre, chers jeunes étudiantes et étudiants, de parler, ici au Cameroun, en plus de vos nombreuses langues nationales, deux grandes langues de communication internationale. 

Cette chance, préservez-la, entretenez–la, car elle est une clé qui ouvre de très nombreuses portes, un avantage exceptionnel ! 

Ne renoncez jamais à l’une au profit de l’autre. 

Car grâce à ce multilinguisme, vous multipliez d’autant vos possibilités de communiquer, d’échanger, de négocier, d’établir des alliances entre vous et avec le reste du monde, d’élargir, surtout, à l’infini vos horizons en enrichissant votre point de vue et vos connaissances. 

Non, une langue n’est pas qu’un outil de communication ! Elle véhicule des sentiments, des idées, des concepts, des traits de civilisation. Elle ouvre une voie d’accès entre des peuples. 

Mais, l’histoire nous a aussi montré et l’actualité continue d’en faire foi, combien des esprits malintentionnés se servent aussi des mots et de la langue pour engager des individus, des foules, des peuples vers des ruptures radicales, assassines et déstabilisatrices.

Alors, chères étudiantes, chers étudiants dans votre désir et votre besoin de produire du sens, dans votre quête de sens, répondez à votre tour, forgez des idées et la réflexion à votre tour, agissez à votre tour avec des mots qui permettent de bâtir des ponts et des nuances, qui permettent de dialoguer et de se comprendre, de joindre nos efforts et nos forces pour enjamber les eaux troublées de l’ignorance, de la peur, du mépris et de la haine. 

Heureusement qu’il y a des mots pour tracer, ensemble, notre destinée commune.

Ce sont tous ces mots dont la Francophonie s’est emparée, sans rien oublier de l’histoire qui a longuement opposé ses populations. 

Ce sont tous ces mots dont la Francophonie s’est emparée pour en faire le meilleur. La liste de ces mots est longue et généreuse. Au moment où j’en parle, ils traversent vos esprits, vous les entendez, vous les connaissez, tous ces mots lumineux si essentiels pour affronter et pour désamorcer tous les obscurantismes.

Et ce sont tous ces mots que je veux vous offrir, pour conclure, tout en vous en exprimant, une nouvelle fois, ma gratitude, ma fierté, mon émotion d’avoir été par vous distinguée.

Je suis ici de tout cœur avec vous.