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Cabosses et fèves de cacao

(Rfi) – Anthony Ward, le plus célèbre des spéculateurs du cacao, co-fondateur du groupe britannique Armajaro, renonce à ses activités de négoce du cacao, du café et du sucre.

On pourrait se laisser abuser par son air bonhomme, sa voix feutrée. On serait pourtant loin du compte.

Anthony Ward

Anthony Ward

Anthony Ward est un homme qui sait ce qu’il veut et, à la tête du fonds spéculatif britannique Armajaro, il a par deux fois fait trembler la planète cacao. La dernière, c’était en 2010. Le spéculateur avait tenté d’étrangler le marché en s’emparant de plus de 6% de la production mondiale de cacao. Pas des contrats à terme sur le cacao mais de vraies fèves pour fabriquer de vraies tablettes de chocolat. Cette année-là, les récoltes au Ghana et en Côte d’Ivoire n’avaient pas été bonnes, la Chine et l’Inde s’étaient mis au chocolat avec voracité. La fève de cacao devenait pépite et les cours ne pouvaient que grimper. La tactique est risquée mais connue, les spécialistes appellent cela un « corner ».

En 2002, un autre coup de ce genre avait permis à Anthony Ward de contrôler 40% du marché et d’empocher un bénéfice de 47,5 millions d’euros. Il y avait gagné un surnom : « choc finger ».

Le roi était-il sur le point de tomber pour qu’il renonce à ce qui a fait sa fortune ? Armajaro souffre des mauvais résultats du négoce du café, du coton, du cacao, des matières premières agricoles et s’est retrouvé déficitaire. Et puis les paris pris, il y a quelques années encore, sont devenus aujourd’hui trop risqués. Les actionnaires des banques de négoce exigent bonne gouvernance et transparence. Les organisations non gouvernementales sont de plus en plus vigilantes et entendues, le paysage réglementaire a changé. En somme, les coups d’hier déjà difficiles à réaliser sont devenus trop couteux et risqués.

Armajaro se range donc et, à l’instar d’autres figures légendaires de la spéculation, se concentrera sur la gestion du patrimoine, activité bien moins risquée et très rentable.
Quant à l’acheteur ? Ecom, le groupe suisse né en 1849, va se retrouver propulsé dans la cour des grands, celle des historiques du négoce agricole.