Chrysoula Zacharopoulou, secrétaire d’État en charge du Développement de la Francophonie et des partenaires internationaux. / AFP – Source photo: TheWorld

La secrétaire d’État en charge du Développement de la Francophonie et des partenaires internationaux, Chrysoula Zacharopoulou, a séjourné dans la capitale burkinabè le 10 janvier 2023, avec en prime pour réchauffer les relations diplomatiques entre les deux pays, tiédies par la posture souverainiste de la junte militaire au pouvoir depuis le 30 septembre 2022.

« La France n’impose rien, elle est disponible pour inventer un avenir ensemble », « Je ne suis venue ici influencer aucun choix ni aucune décision, personne ne peut dicter ses choix au Burkina », sont les morceaux choisis par la secrétaire d’État  française, en charge du Développement de la Francophonie et des partenaires internationaux, Chrysoula Zacharopoulou, dans un point de presse, au terme de son entrevue avec le capitaine Ibrahim Traoré, chef de la junte militaire aux affaires au Burkina-Faso.

Comme quoi, la France refuse de perdre son pré-carré, acquis depuis des lustres et l’histoire en cours chez Modibo Kéita, donne des frissons aux Gaulois qui butent ces dernières années sur une nouvelle génération de jeunes africains assoiffés de liberté et de souveraineté effective tant au plan interne qu’au plan international.

Le capitaine Ibrahim Traoré et les siens l’ont sûrement très vite compris, en remettant très tôt en cause les relations paternalistes en cours, entre  la France et le Burkina-Faso, et ce, dans des relations diplomatiques qui maintiennent le pays encore sous le giron français, dans une extrême pauvreté et dans l’impossibilité de s’affranchir du sous-développement ,savamment planifié par la puissance occidentale , abonnée à « installer » à la tête de la plupart  ses ex colonies, ses satrapes locaux, dont la mission est de préserver les intérêts de la « tutelle » contre les intérêts du peuple.

Voilà, la piteuse image que la France présente hors de ses frontières, un prédateur qui déstabilise les sociétés africaines par l’entremise des forces rétrogrades, qui déconstruisent les piliers de cohésion sociale, de la paix, du développement durable et inclusif et qui sèment par-dessus-tout, le chaos, à travers les guerres civiles et le financement du terrorisme.

Longtemps critiquée et indexée , de favoriser et d’entretenir le sous-développement en Afrique, cette fois, la France des LIBERTÉS et des DROITS de l’homme, vient d’être accusée par le Mali et le Burkina-Faso de connivence avec les  bandes « terroristes » qui occupent des milliers de kilomètres dans la bande sahélo-saharienne, menaçant du coup la sécurité continentale et sous-régionale.

Fort heureusement, le Mali des cinq colonels, à l’aune de la grille géopolitique a su développer au plan interne, des éléments immatériels de sa puissance nationale pour demeurer résiliente et focus dans son combat pour la restauration de sa souveraineté, devant inéluctablement déboucher à son développement socio-économique.

La cohésion sociale et nationale, l’intégration nationale, le sentiment national d’un destin Commun, la préservation de l’intérêt national malien face aux menaces transversales, sont les maître –mots de la géopolitique malienne.

Plus loin au plan international, le colonel Assimi Goïta et ses « frères d’armes », se sont rapprochés et assurés du soutien indéfectible d’un « parrain » de premier ordre stratégique, à savoir la Russie et de puissances relais , comme la Chine et de plusieurs acteurs régionaux extra-africains, à l’instar de l’Iran et de la Turquie.

Ici, l’intention est claire et sans ambages, le Mali veut prendre son envol et convoler en justes noces avec l’Eurasie « civilisée »,  dans un partenariat gagnant-gagnant, qui prend déjà forme au Mali avec la coopération agissante entre le Mali et la Russie (matériels de guerre, soutien militaire dans la lutte contre l’insécurité et le terrorisme, hydrocarbures, engrais, blé et aide au développement) ces derniers mois.

La visite du capitaine Ibrahim Traoré au Mali, en novembre dernier, traduit a priori, les intentions de Ouagadougou dans l’orientation de sa politique étrangère et sécuritaire et le communiqué de la présidence burkinabè, « le Chef de l’État burkinabé entend insister sur le renforcement de la coopération bilatérale et la mutualisation des moyens de combat »  au terme de la visite du Capitaine au Colonel Assimi Goita, laisse croire que le Burkina-Faso est en marche pour l’Eurasie et le panafricanisme des pères fondateurs de l’OUA, à l’instar du Mali.

Sans aucun doute, la France  tente de préserver son pré-carré et sa secrétaire d’Etat est dépêchée pour sauver les meubles dans un environnement déjà très hostile aux tricolores.

Selon L’Observateur Paalga« la visite intervient au moment où les relations entre la France et le Burkina Faso sont particulièrement délicates, marquées particulièrement par la suspension de RFI, la demande formulée à Paris de rappeler son ambassadeur auprès du Burkina, Luc Hallade. Autre point de friction entre les Burkinabè et les Français : la force Sabre, basée à Kamboinsin, et qui abrite les forces spéciales françaises dans le cadre de la lutte contre le terrorisme… Tout cela sur fond de rapprochement avec Moscou. »

Et pour le canard Aujourd’hui, «  la secrétaire d’État française a séjourné au Burkina, on peut même oser employer le mot lobbying : c’est-à-dire recoller les morceaux d’une relation qui s’est craquelée ces derniers temps. Et éviter qu’on atteigne le stade du Mali. »

Tout autre explication de la visite de Chrysoula Zacharopoulou au Burkina-Faso est donc de la manipulation et il appartient à Ibrahim Traoré et à son Gouvernement, d’oser le chemin malien en s’inspirant, en toute lucidité des éléments immatériels de la résilience du voisin-frère, dans l’intérêt suprême du peuple burkinabé.

Adingra OSSEI
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