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Le ministre de l’Enseignement supérieur est en passe de perdre le bras de fer qu’il a engagé avec la FESCI et les étudiants mécontents de son bilan jugé médiocre. Gnamien Konan pourrait être éjecté de la tête de ce Département, lors d’un réaménagement technique de l’équipe gouvernementale, attendu dans les jours à venir. C’est le signe évident d’un désaveu clair et net du Président Alassane Ouattara.

Un autre gâchis ! En débarquant à la tête du département de l’Enseignement supérieur, le ministre Gnamien Konan était très attendu pour parfaire les chantiers de Cissé Bacongo.

Mais, plus d’un an après, la situation dans les universités ivoiriennes est plus préoccupante que jamais. Les enseignants ont renoué de plus belle avec les grèves, hypothéquant sérieusement l’avenir des étudiants. Les laboratoires ne sont point équipés ; la bibliothèque numérique toujours virtuelle, les résidences universitaires fermées, les critères d’attribution de bourses non satisfaisants et le problème du transport urbain subventionné, etc. sont autant de dossiers qui n’ont jamais trouvé de solutions. Face à ces questions cruciales, qui suscitent leur colère, les étudiants ont vite fait de ressusciter le syndicalisme, que le pouvoir en place avait réussi à éteindre suite à la crise postélectorale de 2011. La FESCI, l’organisation la plus active, a donc repris du service. Le ministre de l’Enseignement supérieur, au lieu de chercher à soigner le mal à la racine, c’est-à-dire apporter des réponses aux attentes des étudiants, a préférer politiser le débat, qui consiste à déplacer les problèmes sans les résoudre. Gnamien Konan engage un bras de fer avec la FESCI sur ces questions et se lance dans une guerre sans merci contre l’organisation.

Aujourd’hui, il se plaît à rallier les politiques à sa cause, aux fins de dissoudre la FESCI. La diabolisation de la FESCI a atteint son pic le 12 mars dernier à Bouaké quand le ministre de l’Enseignement supérieur s’est attaqué publiquement à ses dirigeants qu’il a qualifiés de médiocres et d’anti-modèles. Parmi ces derniers, l’actuel Président de l’Assemblée nationale Guillaume Soro. Mais sachant différencier le contenu du contenant en toute circonstance, le Président Alassane Ouattara, selon les sources bien introduites, est arrivé à un constat d’échec dans l’enseignement supérieur, en déphasage avec la politique de l’excellence qu’il prône dans tous les domaines en Côte d’Ivoire. Aux dernières nouvelles, le chef de l’Etat aurait opté de faire un réajustement de l’équipe gouvernementale où un remaniement pur et simple s’imposait, pour ne pas se dédire sur sa promesse de terminer son mandat avec le gouvernement actuel. Ainsi, Gnamien Konan pourrait être muté au département des TICs et de la Poste. Le ministre Bruno Nabagné Koné sera obligé d’assumer le lourd héritage du ministère de l’Enseignement supérieur. Auteur d’un bilan satisfaisant aux TICs et la Poste, Nabagné Koné va s’attaquer à plus costaud. Il devrait pouvoir traduire facilement dans l’enseignement supérieur la politique «Un citoyen, un ordinateur», qu’il a déjà lancée.

C’est dans un tel contexte que Gnamien Konan entreprend une opération de charme envers les étudiants, comme il a été donné de constater le week-end dernier à Bouaké. L’intersyndical des étudiants de l’Université Alassane Ouattara regroupant le CEECI, l’AGEECI, l’UNESCI, la FESCI et le SYNESS a organisé au Campus 1, une journée d’hommage et de reconnaissance au ministre Gnamien Konan. Pour fumer le calumet de la paix suite à l’incident du 12 mars 2015. Le mal est déjà consommé, mais il faut préparer un terrain favorable à son successeur.

Edouard GONTO

Source: Le Sursaut, mardi 7 avril 2015