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(Notre Voie / N°4673 des samedi 22 & dimanche 23 mars 2014) – Sauf report à aujourd’hui, samedi, l’ex-ministre Charles Blé Goudé, président du Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (COJEP), devrait être transféré hier, en fin de soirée, à La Haye, au siège de la Cour pénale internationale (Cpi). Ainsi en ont décidé les magistrats qui étaient jusque-là en charge du dossier. Et ce, au terme d’une audience au Tribunal de 1ère Instance d’Abidjan-Plateau en présence des avocats de M. Blé Goudé. Suivant en cela, et de façon tout à fait mécanique, le gouvernement Ouattara qui, au terme du conseil des ministres du jeudi 20 mars 2014, s’était dit disposé à transférer le chef des jeunes patriotes ivoiriens aux Pays-Bas.

Mais que de péripéties ! Quelle folle journée ! Marquée, notamment par les pleurs de la compagne de Charles Blé Goudé, brutalisée avec Mme Angeline Killi, épouse de l’ex-Premier ministre, Pascal Affi N’Guessan, président du Fpi, par des forces de police particulièrement agressives. Mais aussi et surtout par l’interpellation du secrétaire national par intérim de la JFpi, Justin Koua, et de Martial Yavo, ancien président par intérim du COJEP. Tous deux sortis récemment de la prison politique du régime Ouattara, étaient détenus à la préfecture de police d’Abidjan jusqu’en début de soirée, hier. Leur péché, s’être rendus au palais de justice dans l’espoir d’avoir des nouvelles de leur camarade, Blé Goudé. Mais les policiers qui étaient sur les dents ont rudoyé tout sur

leur passage et dispersé toutes les tentatives de regroupements, même de badauds curieux, à coups de gaz lacrymogène.

Plus tôt dans la matinée, les habitants du quartier de la 8e tranche à Abidjan-Cocody où se trouve le siège de la cellule spéciale d’enquête sur la crise postélectorale se sont réveillés dans un véritable état de siège. Plusieurs dizaines de policiers en tenue de combat avaient pris position à tous les carrefours et empêchaient tout mouvement en direction de la villa qui sert de siège à la cellule. Ce qui a fait dire à de nombreux riverains qui étaient interdits d’avoir accès à leurs domiciles que Charles Blé Goudé y était.

Dans la mi-journée, le président-fondateur du COJEP, selon des sources concordantes, a été transféré au palais du Tribunal de 1ère Instance d’Abidjan- Plateau sous très forte escorte policière. Les témoins sur place ont reconnu plusieurs blindés de la FRAP, la section de la police créée par le ministre de l’intérieur, Hamed Bakayoko, et qui est chargée, depuis lors, du convoyage de M. Blé Goudé à chacun de ses déplacements. Sur place, les magistrats organisent une parodie de procès. Les avocats de Charles Blé Goudé sont appelés à plaider. Mais sans aucune illusion. Peu avant 17h, la séance est suspendue pour les délibérations. Joint par téléphone en ce moment, un des avocats de Blé Goudé, fait ce commentaire qui en disait long sur son état d’esprit. « Ils sont entrain de délibérer. Mais nous ne nous faisons aucune illusion. C’est un procès politique. Tout est décidé d’avance par le politique. Les magistrats ne font que de la figuration ». Une heure et demie plus tard, le verdict tombe. Les magistrats ont décidé du transfèrement de Blé Goudé à la Cour pénale internationale (Cpi). Une autre fracture dans la jeune histoire de notre pays. Où un certain Alassane Dramane Ouattara, « pion » de l’impérialisme, aura réussi, en deux ans, à déporter deux dignes fils de la Côte d’Ivoire. Comme au bon vieux temps de la traite négrière et de la pénétration coloniale.

Guillaume T. Gbato

gtgbato@yahoo.fr