Le chef du parlement ivoirien a exprimé, hier, sa volonté d’aller à la rencontre des parents du président Laurent Gbagbo pour parler de la réconciliation nationale. 

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(Notre Voie, 25 juillet 2013) – Le régime Outtara aurait-il décidé enfin d’intégrer le président Gbagbo dans sa stratégie de réconciliation nationale ? Le discours prononcé hier par Guillaume Soro à la cérémonie de clôture de la première session ordinaire du parlement pourrait faire penser à un changement de cap dans l’attitude du pouvoir. Le président de l’Assemblée nationale a informé ses collègues et l’opinion nationale qu’il se rendra bientôt à Gagnoa pour rencontrer et parler de la réconciliation avec les parents de l’ancien chef de l’Etat injustement détenu à la Cpi. «J’irai à Gagnoa dans les semaines à venir, en relation avec le chef Gbizié Lambert pour parler avec les populations. Oui, Honorables Députés, je vais parcourir cette région et je parlerai avec tout le monde, y compris les parents de l’ex-président de la République Laurent Gbagbo», a indiqué Guillaume Soro sur le pupitre de la représentation nationale, en présence du Premier ministre Daniel Kablan Duncan et de plusieurs présidents d’institutions de la République.

L’ex-chef de la rébellion armée n’a pas fait mystère de ceux qui seront ses interlocuteurs et des sujets qui seront abordés : «Je veux rencontrer toutes les filles et tous les fils de Gagnoa que je connais bien. J’irai dans le Guébié exprimer notre commun désir de république. Je réunirai tous les cadres de Gagnoa, sans coloration politique et nous parlerons VRAI. Ce n’est pas dans la défiance qu’on construira la Côte d’Ivoire moderne. C’est en confiance, unis et solidaires, dans le consensus démocratique, que nous émergerons. Oui, je me rendrai à Gagnoa pour parler de vérité, de justice, de réconciliation et de paix pour toutes les Ivoiriennes et tous les Ivoiriens», précise le chef du parlement monocolore version Ouattara. Un discours visiblement nouveau qui ne manquera pas de susciter bien de commentaires sur la sincérité de la démarche de Soro et le résultat auquel il pourrait aboutir tant que le président Gbagbo et ses partisans demeurent en prison.

Au cours de cette première session ordinaire, les députés ont examiné et adopté 19 textes de loi sur les 22 à eux soumis par le gouvernement. Il s’agit de 12 conventions internationales, 6 projets de loi ordinaires et une loi des finances rectificatives. Les textes de loi électriques relatifs à la nationalité et au foncier annoncés par le chef de l’Etat n’ont pas été discutés. Toutefois, le groupe parlementaire Pdci avait déjà rejeté par écrit le projet de loi autorisant le président de la République à ratifier la convention de 1961 sur la réduction des cas d’apatridies.

Jean Khalil Sella

Soro va dire quoi aux parents de Gbagbo ?

Parler aux parents de Gbagbo pour leur dire quoi ? Telle est la question principale que suscite l’annonce faite hier tambour battant par Guillaume Soro, président de l’assemblée nationale monocolore de Côte d’Ivoire. S’en va-t-il annoncer aux populations de Mama, Gnaliépa, Gagnoa, Guibéroua… que leur fils Laurent Gbagbo sera bientôt de retour ? Ou alors s’en va-t-il leur dire, comme lui et le régime actuel n’ont eu de cesse de le proclamer depuis le 11 avril 2011, que Laurent Gbagbo est condamné à mourir en détention à La Haye?

Nul n’ignore les propos incendiaires que Guillaume Soro a tenus et continue de tenir à l’endroit de Laurent Gbagbo ces trois dernières années. Comme s’il ne connaissait pas l’homme dont il parle. Ici comme ailleurs, il l’a toujours dépeint comme le monstre incarné, responsable d’un génocide que la procureure de la cour pénale internationale a pourtant toutes les peines du monde à prouver. Alors, si Soro croit qu’il a la potion magique pour convaincre « les parents de Gbagbo » d’oublier leur fils ; si c’était cela le but de sa mission, il fait forcément fausse route. A contrario, il a l’occasion unique d’entrer réellement dans l’histoire politique de la Côte d’Ivoire en tenant le seul discours que tous attendent : la promesse du retour de Laurent Gbagbo.

Pour cela, en réalité, il n’a même pas besoin d’aller parler aux parents de Gbagbo ; il n’a même pas besoin de faire des centaines de kilomètres de route. Parce que Gbagbo n’est plus le fils de ses parents, mais le fils de toute la Côte d’Ivoire. Car c’est bien toute la Côte d’Ivoire qui attend le retour de son fils.

Augustin Kouyo