Par Jean-Claude DJEREKE

La profanation de la tombe de DJ Arafat a relancé le débat sur l’effondrement des valeurs morales et républicaines dans notre pays. Que ce débat ait lieu, nul ne devrait s’en plaindre mais les bonnes questions sont-elles posées ? Les responsabilités sont-elles situées comme il faut ? Peut-on, par exemple, blâmer uniquement parents et enseignants dont l’autorité est mise à mal par des conditions de vie et de travail de plus en plus précaires alors que les gens qui sont au pouvoir sont ceux-là mêmes qui ont cassé les prisons du pays et donné des armes aux malfrats et bandits pour que ces derniers les aident à conquérir le pouvoir ? Peut-on se focaliser sur la démission des parents et enseignants alors que le sommet protège les “Microbes”, ces enfants qui agressent et tuent quotidiennement à Adjamé, Abobo, Yopougon et ailleurs ? Peut-on s’en prendre seulement à la Famille et à l’École, lorsque les personnes censé diriger le pays ne prennent aucune sanction contre les individus qui se masturbent dans les bureaux de l’État, contre ceux qui enlèvent et assassinent enfants et adultes dans le but de devenir riches ou puissants ? Sagno Étienne, qui tua le petit Bouba, le 24 février 2018, où est-il aujourd’hui ? A-t-on jamais sanctionné les assassins du capitaine de gendarmerie Dago Djah Pierre ? Et l’homme qui ôta la vie à la secrétaire de la paroisse Sainte Cécile de Cocody ne bénéficiera-t-il pas de la même impunité ? Enfin, est-il normal que soient reconduits des ministres dont l’incompétence a provoqué la mort prématurée d’honnêtes citoyens ou qui ont détourné l’argent public ?

On dit souvent que “ le poisson pourrit par la tête”. C’est le cas en Côte d’Ivoire car, pour moi, tout ce que nous déplorons aujourd’hui (incivisme, braquage de domiciles et de banques, assassinat de policiers et de gendarmes, constructions anarchiques, pasteurs escrocs dont les églises perturbent la quiétude des populations, etc.) est d’abord la faute de ceux que la France a installés à la tête de notre pays. Il fallait s’attendre à une telle catastrophe avec des gens qui ont cassé les banques, tué, brûlé mairies, palais de justice et sous-préfectures.

Que faire maintenant ? Certains parlent de réconciliation. Ce n’est pas ça, le sujet car qui a dit que les Ivoiriens sont divisés et se détestent ? Nous connaissons ceux qui sont en palabre. Qu’ils règlent leur palabre et qu’ils fichent la paix aux Ivoiriens ! Ceux-ci ne sont pas en palabre. Ils sont plutôt victimes de la manipulation de petits politiciens qui s’insultent le jour et se retrouvent pour rigoler la nuit. Ils sont devenus pauvres et misérables année après année alors que les petits politiciens et leurs proches ou laudateurs se sont enrichis. D’autres parlent de commission électorale à changer. Ce n’est pas non plus le sujet car les élections de 2020 sont déjà vérouillées. La racaille arrogante et malfaisante nous l’a déjà dit. Le vrai sujet, c’est de chasser cette racaille et d’imposer une transition. Une tâche qui incombe au peuple ivoirien. Car c’est lui qui donne et reprend le pouvoir. Il devrait prendre ses responsabilités maintenant au lieu de jouer les spectateurs. Dans ce peuple, il y a encore des hommes et femmes honnêtes, sérieux, patriotes, compétents, cohérents, attachés au respect de la loi, etc. Il est temps que ceux-là se manifestent, se retrouvent et s’organisent.