episcopal de cote d-ivoire

L’Église catholique de Côte d’Ivoire reste très soucieuse du bon dé- roulement des prochaines élections présidentielles en Côte d’Ivoire. Ce n’est pas fortuit qu’à trois mois de ces échéances, et après le message poignant de la 101è Assemblée plénière de la conférence des évêques du 10 mai 2015, les responsables de cette église viennent de consacrer un ”Cahier” des Communautés ecclésiales de base (Ceb) spécialement aux élections à venir. Intitulé ”Ma foi, mon vote”, ce document disponible dans toutes les paroisses et vendu à bas prix, invite les fidèles catholiques à se donner des temps de partage, durant les mois de juillet, août et septembre sur cette période précédant les élections prévues en octobre. Fortement recommandé par les prêtes, ledit document d’une dizaine de pages, édité par le ”Service pour un monde meilleur”, intervient comme pour préparer le chrétien catholique à ces échéances. Celles-ci étant présentées comme «une période importante pour la vie de la nation». En Ceb (prolongement de la vie communautaire dans les quartiers), ce cahier spécial, inspiré des documents produits par les évêques catholiques de Côte d’Ivoire sur la politique et sur les élections, invite les fidèles à un comportement studieux. Il s’agit de ”faire une analyse critique des élections telles que connues et vécues par les Ivoiriens afin d’arriver à établir des conditions requises pour des scrutins libres, démocratiques et apaisées faites dans la transparence”. Le livret recommande aussi de rechercher, à l’éclairage de la parole de Dieu, à établir le profil d’un candidat idéal et le code de conduite d’un bon électeur. Bien entendu, ces efforts ne devront être couronnés que par une exhortation aux fidèles à prendre «un engagement communautaire et individuel». Pour ce faire, le document de base, servant d’orientation générale à la communauté, rappelle le dernier message de la Conférence épiscopale de Côte d’Ivoire du 10 mai 2015. Texte dans lequel les dignitaires de l’église catholique ivoirienne suggèrent des ”conditions d’une vraie réconciliation et pour des élections apaisées”. Entre autres ”la rencontre entre les leaders politiques, l’unité au sein de chaque parti politique, le désarmement, la vérité, une justice équitable et le pardon”. Partant de ce texte de base, le dernier cahier des Ceb propose aux fidèles catholiques cinq rencontres thématiques liées à la situation du moment. Il s’agit, pendant ces mois de juillet, août et septembre, de réfléchir sur, respectivement le ”Pourquoi des élections”, le ”Préalable au vote”, ”le choix d’un bon candidat avant le vote”, ”le comportement d’un bon électeur pendant le vote” et ”comment prévenir la fraude, promouvoir la paix et l’entente après le vote”.

RAPPEL DES RECOMMANDATIONS DES ÉVÊQUES

À propos, plusieurs recommandations sont faites, rappelant les indications des évêques auxquelles le cahier confectionné cite d’importants extraits. «Le vote est un devoir important pour tout citoyen. Il permet au peuple de mettre en place un candidat de son choix. Mais, nous rappelons que l’usage de ce libre suffrage doit viser le bien de la communauté. On veillera à ne pas désigner un candidat incapable». Cet extrait de ”La politique au service du pays” (P9 et 10), document des évêques édité en 1990, donne des orientations sur la première thématique portant sur l’intérêt des élections. A propos du choix du bon candidat avant le vote, plusieurs références sont faites pour guider les futurs électeurs. «Le bon choix procède aussi du citoyen consciencieux, qui prend au sé- rieux le devoir du vote. Le choix des citoyens doit porter sur des hommes intelligents et compétents, doués d’un minimum de culture politique, soucieux du développement du pays en tenant compte de toutes les couches sociales. Ces hommes doivent servir le pays avec désintéressement et non se servir. Ils feront preuve de qualité morale, tel que le dévouement, l’esprit de service, le courage, la prudence et surtout l’honnêteté». (Evêques de Côte d’Ivoire 1995, pp3 et 5). Le dernier cahier des Ceb dédié aux élections convoque toujours la même référence pour aider l’électeur à accomplir son devoir en ayant la pleine conscience de choisir le candidat à même de «contribuer au développement intégral du pays ou de la région». «Il s’agit d’un acte lourd de conséquence. C’est pourquoi il est absolument nécessaire de l’accomplir librement dans la vérité». Toujours en 1995, en prélude au deuxième scrutin présidentiel sous l’ère du multipartisme intervenu en 1990, les prélats ivoiriens avaient déjà donné une idée de ce que pouvait être le code de conduite du bon électeur. A savoir, la formation minimum que devra avoir le citoyen pour exercer son droit de la façon la plus efficiente possible. «Le bon vote procède d’un citoyen libre à l’abri de toute pression et même des consignes qui vont contre sa conscience. Le primat des partis ne saurait édicter des ordres à des consciences éclairées et assurer de faire le bon choix. C’est pour cela qu’il est prévu des isoloirs où l’électeur est censé se trouver seul devant sa conscience et devant son Dieu. Le bon choix procède également du citoyen consciencieux qui prend au sérieux le devoir du vote. Le bon vote ne saurait tolérer l’abstention facile. On doit éviter d’alourdir l’atmosphère du vote par des provocations verbales et des actes de violence. Le vote peut et doit se dérouler dans la paix». Le cahier de l’église catholique épouse bien l’air du temps, au regard du ton qui monte dans les discours des hommes politiques. Sur la question, le document fait référence à la toute dernière déclaration des évêques en mai 2015, qui interpellaient les hommes politiques et leurs partisans: «Dans vos discours et comportements, vous veillez à ne mépriser personne et n’insulter personne. L’autre candidat n’est que l’adversaire politique et non un ennemi. Aussi doit-il être traité avec courtoisie. Quelques soient les résultats des votes des prochaines élections, vous devez placer l’intérêt supérieur de la nation au dessus de toute autre considération. Vous ferez montre de grandeur d’âme pour ne pas considérer la victoire comme une occasion de domination, et la dé- faite comme une déchéance humaine. Dans cette dynamique, le vainqueur devra tendre la main aux vaincus, qui accepteront en toute humilité et honnêteté à l’unique construction du pays». Le prologue du document est tout aussi édifiant quant au devoir qui s’impose à chaque citoyen vis-à-vis de l’intérêt de la nation. Cette fois, c’est un pan entier du message de la 101è Assemblée plénière des Évêques catholiques de Côte d’Ivoire, auquel il se réfère pour interpeller directement toutes les couches de la société ivoirienne. À savoir, les leaders politiques, les militants, les journalistes, les jeunes et mêmes les autorités religieuses appelés tous à leur devoir.

Félix D.BONY

Source : L’Inter N°5139 du Vendredi 31 Juillet 2015