Un billet publié sur la page Facebook « Venance Konan pour un développement durable » a ravivé les tensions autour de l’ethnicisation du pouvoir en Côte d’Ivoire. En s’étonnant que Robert Gueï et Laurent Gbagbo aient pu occuper « le fauteuil d’Houphouët-Boigny », l’ancien directeur de Fraternité Matin, Venance Konan, a laissé transparaître une vision fermée de la fonction présidentielle, suscitant l’indignation. Jean-Claude Djéréké a répondu avec force dans une tribune virale. À travers ce commentaire, Simplice Onguí s’inscrit dans cette interpellation citoyenne et républicaine.
Par Simplice Ongui
Le texte de Jean-Claude Djéréké, sobrement intitulé « Venance Konan a besoin de délivrance », constitue une mise au point essentielle. À travers une plume précise et un argumentaire lucide, il expose ce que beaucoup pensent tout bas : Venance Konan, naguère salué pour sa finesse journalistique, s’est transformé en chroniqueur de l’exclusion, prisonnier d’un vieux logiciel identitaire qui nuit à la réconciliation nationale.
Que celui-ci puisse s’offusquer, sur sa page publique, du fait que des personnalités telles que Robert Gueï et Laurent Gbagbo aient accédé au “fauteuil d’Houphouët-Boigny” en dit long sur sa conception figée et sélective de la République. Non seulement cette formulation suggère que la présidence est un héritage réservé à un groupe ethnique ou une lignée politique, mais elle inscrit Konan dans une posture d’arrogance historique, comme si l’exercice du pouvoir devait rester l’apanage de quelques-uns — les “élus” d’un certain mythe national.
Jean-Claude Djéréké a raison de rappeler que ce type de discours est plus qu’une simple erreur : c’est une récidive idéologique. Et derrière les allusions apparemment anodines, c’est toute une vision clanique du pouvoir qui est ici réaffirmée, au mépris des principes républicains d’égalité, de méritocratie et de souveraineté populaire.
À l’heure où la Côte d’Ivoire aspire à guérir de ses blessures post-crise, il est affligeant de constater qu’un homme de lettres comme Venance Konan préfère aggraver les lignes de fracture au lieu de les panser. Pire, en mettant dans le même sac Robert Gueï et Laurent Gbagbo, deux figures de l’Ouest du pays, il contribue à stigmatiser une région, nourrissant l’idée que certaines origines seraient inadaptées à la fonction suprême. Voilà pourquoi Djéréké évoque, avec justesse, un besoin de “délivrance” — non pas spirituelle, mais éthique et politique.
Oui, il est temps de décoloniser les esprits de ceux qui croient que l’exercice du pouvoir est une affaire de lignage ou d’appartenance. Oui, il faut dire à Venance Konan que la Côte d’Ivoire ne se gouverne pas depuis un trône ethnique mais depuis le cœur de tous ses citoyens.
Ce commentaire n’est ni un règlement de compte, ni une provocation. C’est un appel — ferme, mais fraternel — à la responsabilité intellectuelle.
Simplice Ongui
Directeur de Publication
Afriqu’Essor Magazine
osimgil@yahoo.co.uk