Une Déclaration inédite des Loges Maçonniques pour la Justice, la Mémoire et la Paix
La Déclaration
Paris, 31 mai 2025 – Pour la première fois depuis le déclenchement du conflit à l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC), plusieurs loges maçonniques ont uni leurs voix pour porter une déclaration commune, forte et engagée. Cette initiative, inédite par sa nature et son ton, s’est déroulée dans le cadre d’une conférence publique au siège du Grand Orient de France, autour du thème : « République Démocratique du Congo : un conflit aux conséquences continentales et internationales ».
Un appel fraternel dans le silence des puissants

Lecture de la Déclaration inédite des Loges Maçonniques pour la Justice, la Mémoire et la Paix
Dans un monde où la géopolitique africaine est souvent réduite à des schémas simplistes et dépolitisés, les loges initiatiques ont décidé de « sortir du temple » pour prendre la parole.
Ce 31 mai, ce sont les Loges Respect & Fraternité, Fraternité Centrafricaine, République (GOCB), Mosaïque Hiram, Claude et Catherine Helvétius, Le Levant (GLMF), et Que Scay-je (Droit Humain), accompagnées de plusieurs obédiences invitées d’Europe et d’Afrique, qui ont livré une analyse lucide du conflit congolais.
Dans leur déclaration, les Loges dénoncent « une tragédie silencieuse », occultée par les grandes puissances et trop souvent réduite à une affaire ethnique. Elles rappellent que ce conflit a fait plus de six millions de morts, engendré des centaines de milliers de viols, d’enfants soldats et de déplacements forcés. Derrière cette violence de masse, elles pointent « une logique de prédation systémique, mêlant convoitises minières, complicités internationales et impuissance diplomatique ».
Un cri moral et spirituel face à la profanation
Ce qui frappe dans cette déclaration, c’est la tonalité spirituelle qui l’imprègne. Loin des discours froids et technocratiques des chancelleries, les Loges maçonniques évoquent une « profanation spirituelle » : en Afrique, la terre est mémoire, lien sacré avec les ancêtres. La guerre n’est donc pas seulement géostratégique ; elle est aussi un sacrilège.
« Celui qui la profane ne brise pas seulement un équilibre naturel, il offense les esprits qui y résident. »
Ce rappel aux fondements spirituels de la culture africaine est une prise de position audacieuse, qui relie la politique internationale à une dimension éthique et symbolique, souvent négligée.
L’acte de Washington : espoir ou illusion ?
Les Loges accueillent avec prudence la signature, le 25 avril 2025 à Washington, d’une déclaration de principes entre les ministres des Affaires étrangères de la RDC et du Rwanda, avec l’appui des États-Unis. Elles y voient une « ouverture possible » vers une désescalade, mais posent une ligne rouge claire : « aucune paix ne sera durable si elle se construit au prix de l’impunité, du déni ou de l’effacement des souffrances. »
Cette exigence de vérité s’inscrit dans une volonté d’aboutir à une justice réparatrice et internationale, via un mécanisme indépendant chargé d’enquêter, de nommer les responsables et de reconnaître les victimes. C’est un appel à rompre avec les compromis politiques qui sacrifient la justice sur l’autel de la stabilité apparente.
Le panafricanisme en action : au-delà des mots
L’une des forces de cette déclaration réside aussi dans sa portée politique. Les Loges appellent à un panafricanisme d’action, articulé autour de trois piliers : la mobilisation de la diaspora, l’inclusion réelle des sociétés civiles africaines, et la mise en commun des ressources politiques et morales du continent.
Elles invitent les peuples africains à se doter d’institutions continentales souveraines, capables de résister aux injonctions extérieures et de porter une réponse unifiée à la fragmentation, à l’ingérence et à la balkanisation.
« L’unité continentale est un horizon crédible face à l’impunité et à la division. »
Une parole libre, fraternelle et vigilante
Ce texte n’engage formellement aucune obédience. Il est le fruit d’un travail collectif inter-loges, émis en conscience, dans l’esprit des valeurs universelles de la Franc-maçonnerie : vérité, justice, dignité humaine, fraternité universelle.
La déclaration se clôt par une maxime puissante, à la fois avertissement moral et devise philosophique :
« La Paix sans Justice n’est pas la Paix. La Parole sans Mémoire n’est pas la Vérité. »
Une prise de position historique
Ce moment, bien que discret, constitue un tournant. Il rappelle que les espaces initiatiques ne sont pas des refuges apolitiques, mais peuvent, en certains moments critiques, redevenir des laboratoires de conscience, de mémoire et d’engagement éthique.
À l’heure où l’Afrique cherche des voies de reconstruction, de réparation et de réconciliation, cette parole fraternelle émise depuis Paris trace un sillon original : celui d’une solidarité transnationale, diasporique et spirituelle, qui invite à remettre la Justice et la Mémoire au cœur de la Paix.
Simplice ONGUI
Directeur de Publication
Afriqu’Essor Magazine”
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