Des solutions nationales doivent être trouvées pour plus de 55 millions de personnes déplacées dans leur propre pays, selon un nouveau rapport présenté au Secrétaire général de l’ONU par le Groupe de haut niveau sur le déplacement interne, publié mercredi.

PNUD/Arjen van de Merwe Les pays d’Afrique orientale et australe ont été confrontés à une augmentation des inondations, des sécheresses et d’autres événements liés au climat ces dernières années.

« Depuis plusieurs décennies, le nombre de personnes déplacées internes dans le monde a augmenté, atteignant des records d’année en année », a déclaré le Secrétaire général António Guterres, recevant le rapport du Groupe de haut niveau, Shining a Light on Internal Displacement: A Vision for the Future (Mettre en lumière les déplacements internes : une vision pour le futur).

« L’aide humanitaire est vitale pour les aider à survivre. Mais il en faut plus pour rétablir un sentiment de normalité et apporter des solutions », a-t-il ajouté.

Pour aider les millions de personnes piégées dans la crise des déplacements, le rapport exhorte les États à adopter une « approche axée sur le développement » pour les citoyens et les résidents chassés de chez eux par la violence, les conflits, les catastrophes et les impacts du changement climatique.

En présentant son rapport, le groupe de haut niveau a appelé les gouvernements, la société civile, la communauté internationale et le secteur privé à intensifier l’action collective en vue de changements systématiques pour mettre fin aux déplacements prolongés.

Trouver des solutions

Le rapport reconnaît « un échec collectif » pour prévenir, traiter et résoudre les déplacements internes, mais identifie également les opportunités de modifier les approches et les pratiques qui pourraient mettre fin aux souffrances inutiles.

Selon le document, les personnes déplacées doivent pouvoir exercer leurs droits fondamentaux et ne pas être considérées ou traitées uniquement comme les bénéficiaires d’une assistance à court terme.

Actuellement, elles ne sont pas systématiquement intégrées dans les politiques gouvernementales, le financement du développement, les processus de paix ou les stratégies des Nations Unies.

« Il est dans le meilleur intérêt des gouvernements de s’approprier cette question, car ils ne peuvent pas atteindre les objectifs de développement durable (ODD) sans améliorer la vie de toutes les personnes déplacées, y compris les femmes, les enfants et les personnes âgées », a déclaré le coprésident du groupe de haut niveau, Donald. Kaberuka.

Pour soutenir les gouvernements, le groupe de haut niveau a appelé à un leadership plus fort de l’ONU grâce à des actions plus cohérentes pour faire face aux facteurs humanitaires, climatiques, de développement, de paix, et de catastrophes, qui alimentent les déplacements.

© UNICEF/Olivia Acland / Des enfants déplacés au Nord-Kivu, en République démocratique du Congo.

Etablir un Fonds mondial

Et pour aider les pays à surmonter les obstacles, les auteurs ont également recommandé qu’un Fonds mondial pour les solutions de déplacement interne soit établi pour fournir un soutien financier et technique aux plans et stratégies nationaux.

« Compte tenu de l’état actuel des conflits et de la trajectoire de l’urbanisation et du changement climatique, il est temps d’agir. Maintenir le statu quo n’est pas une option », a déclaré la coprésidente du groupe de haut niveau, Federica Mogherini.

Caractérisé par de profondes souffrances humaines, le déplacement interne est l’une des crises les plus négligées au monde, dont les impacts socio-économiques peuvent mettre les ODD encore plus hors de portée.

Le groupe de haut niveau a été frappé par le manque de volonté politique de lutter contre le déplacement interne et par le fait que trop d’États n’assument pas leur responsabilité envers leurs citoyens et résidents déplacés.

De plus, l’ONU, les pays donateurs et les institutions financières internationales ont négligé de démontrer le niveau d’engagement requis pour surmonter cette crise mondiale.

Les solutions commencent par le développement

Le groupe de haut niveau appelle à une approche axée sur le développement qui donne la priorité aux solutions aux niveaux local et national et qui vont au-delà de l’aide humanitaire.

Il plaide également pour la nomination d’un nouveau représentant spécial des Nations Unies dédié à la promotion des solutions pour les déplacés internes, car les déplacements internes dans le monde continuent de s’aggraver.

Et il demande au Secrétaire général de créer un Conseil consultatif du secteur privé, pour aider à trouver des solutions aux déplacements internes.

Le secteur privé africain se penche en décembre sur la crise des déplacements forcés

De son côté, l’Agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR) a annoncé mercredi que des dirigeants du secteur privé africain se réuniront en décembre prochain au Rwanda pour identifier des solutions aux crise des déplacements forcés.

Il s’agit du premier Forum africain du secteur privé sur les déplacements forcés. Cette rencontre intitulée « 36 millions de solutions » est organisée à Kigali, au Rwanda du 30 novembre au 2 décembre 2021, par la Coalition Amahoro et le HCR.

L’objectif de l’événement est de rassembler des entreprises du secteur privé africain pour explorer des solutions qui promeuvent « l’inclusion économique des personnes déplacées de force en Afrique et leurs communautés d’accueil ».

« Ce Forum arrive à un moment critique où le nombre de réfugiés en Afrique subsaharienne a plus que triplé au cours des dix dernières années », a déclaré Kelly T. Clements, Haut-Commissaire adjointe du HCR.

Ces dernières décennies, les déplacements forcés ont pris une ampleur considérable dans les pays en développement, notamment en Afrique. Selon le HCR, le continent africain accueille actuellement le plus grand nombre de personnes forcées de fuir dans le monde, soit près de 36 millions de personnes. Alors que l’aide humanitaire a efficacement soutenu les populations déplacées dans les situations d’urgence, l’agence onusienne prône une approche différente pour engager de nouveaux acteurs, notamment le secteur privé.

SOURCE, ONU Info