Basilique Notre-Dame de la Paix à Yamoussoukro, en Côte d’Ivoire. (Photo by PORTALI/Gamma-Rapho via Getty Images)

Père Marius Hervé Djadji
Docteur en théologie
Contact: lajoiedeprier.nguessan@yahoo.fr

Le christianisme est une religion qui dérange, qui choque et qui scandalise, car le christianisme annonce une Personne, Jésus Christ qui a choqué, scandalisé et dérangé par sa vérité, son enseignement et sa vie. Le christianisme doit donc déranger par sa vérité, son éthique et sa parole.

Aujourd’hui, on veut un christianisme qui caresse, un christianisme diplomatique, on préfère un christianisme qui ne dérange pas les pouvoirs publics. On prêche donc un christianisme émotionnel, un christianisme du folklore, un christianisme qui doit dire aux fidèles ce qu’ils veulent entendre. On applaudit un christianisme qui dit ce qu’on veut entendre. On veut un christianisme qui plaît à tout le monde.

Si le christianisme ne perce pas les cœurs, si le christianisme doit tenir compte des humeurs de chacun, s’il doit plaire à Kadja, à Bobo ou à Cécile, ce christianisme-là n’est plus celui du Christ. Un tel christianisme comme l’affirme le théologien Joseph Ratzinger est “vidé de toute sa substance et accuse un manque de sincérité”, de vérité et n’a aucun lien avec la parole de Dieu. Faisons attention aux différentes interprétations de la parole de Dieu, qui sont devenues des stratégies pour ne pas blesser tel ou pour faire plaisir à tel.
Toutes nos stratégies pastorales et interprétations de la parole de Dieu qui n’obéissent pas à la volonté et à la vérité de Dieu n’ont pas de sens.

Si le christianisme doit plaire à tout le monde, on n’aura plus de saints martyrs à célébrer. Les peureux n’annoncent pas la parole de Dieu. Un prêtre ne doit donc pas être heureux lorsqu’il est applaudi après ses interventions parce qu’il a caressé un gourou. Car il ne fait pas un meeting, sa mission est d’annoncer la parole et non d’être acclamé. La particularité du christianisme est qu’il est fondé sur la Trinité et il annonce une Personne, Jésus Christ, vrai Dieu et vrai homme. Le christianisme est donc christocentrique, un christocentrisme ouvert au Père et à l’Esprit saint. Le christianisme n’est pas un mouvement humain, géré par un gourou et qui doit agir en fonction d’un chef d’État ou de la mode. Le christianisme a sa propre mode qui est le style évangélique. Si les pasteurs et les fidèles transforment le christianisme en un mouvement diplomatique, une religion qui fuit la vérité, ils rendront compte au Christ.

Aujourd’hui c’est le christianisme pratique qu’il nous faut dans nos familles, dans nos bureaux et partout. Le Démon et ses adeptes nous applaudissent lorsque nous pratiquons un christianisme abstrait, un christianisme du bruit, un christianisme qui ne les dérange pas, c’est-à-dire un christianisme qui combat un démon imaginaire alors que le vrai démon est dans la politique, un christianisme qui garde le silence ou qui parle en fonction de celui qui est au pouvoir ou de celui qui donne. C’est ce que j’appelle le christianisme de « mange et tais-toi ».

Chers amis, chers frères et sœurs, prêtres, évêques, pasteurs africains, notre christianisme a besoin de vrais prophètes qui dénoncent, qui parlent, qui agissent dans la charité et qui sont capables de mourir au nom du Christ pour les faibles. Nous n’avons pas besoin seulement de prophètes qui parlent en langue, qui organisent de grandes évangélisations et qui après se retrouvent dans les palais et résidences de ceux qui font souffrir le peuple.
Le matin ils sont prophètes, visionnaires, et la nuit ils sont avec les bourreaux des fidèles.
Devant pharaon, Moïse a parlé, devant Goliath David n’a pas eu peur de l’affronter avec son javelot, devant Hérode, Jean-Baptiste a parlé, devant Pilate, les Pharisiens et les chefs des prêtres, Jésus a parlé. En Afrique, nous avons aujourd’hui des Pharaons, donc chaque prêtre, pasteur, doit être un Moïse. Nous avons besoin de pasteurs qui aideront l’Afrique à se libérer du joug de la politique politicienne et non de pasteurs qui pactisent avec les pouvoirs pendant qu’ils soumettent le peuple à la méditation de neuvaines et à admirer le ciel comme les disciples qui regardaient Jésus monter vers le Père.

Père Marius Hervé Djadji
Docteur en théologie
Contact: lajoiedeprier.nguessan@yahoo.fr