(Notre Voie, 21 mai 2013) – Le chef milicien, Amadé Ouédraogo Remi alias Amadé Ouérémi supplétif des FRCI, 2012-2011, a été arrêté samedi à 10h par l’armée française, dans sa retraite, au coeur du Parc national du mont Peko.
Amadé Ouérémi ou Amadé Ouédraogo Remi, de son vrai nom, chef milicien proche d’Alassane Ouattara, un des acteurs à l’origine du génocide de Duékoué de mars 2010-2011, a connu une fin de parcours depuis le samedi 18 mai dernier. Abandonné par les siens estimés à plus de 6 mille hommes, la force Licorne (Armée française) n’a eu aucune peine à le capturer. Alors qu’il s’était pourtant mis à couvert dans sa retraite, un gros village qu’il a bâti depuis 10 ans au cœur du Parc national du mont Peko, à cheval entre les départements de Duékoué et de Bangolo (600 km à l’extrême Ouest de la Côte d’Ivoire, à la frontière ivoiro-libérienne). D’après des sources proches des FRCI, après l’avoir arrêté, les militaires français le mettent automatiquement à la disposition du bataillon de sécurisation de l’Ouest (BASO). Avant d’être convoyé le lendemain à bord d’un hélicoptère, à destination d’Abidjan. Mais que de péripéties pour parvenir à cette capture, sans résistance ! Les habitants de la région interrogés n’hésitent pas à faire le récit. « Les militaires français ont d’abord duré sur le terrain avant de pénétrer chez Amadé Ouérémi, avant de l’arrêter. Ce sont eux qui étaient en première ligne. Nos militaires ivoiriens étaient derrière. Vous savez, les Forces Licorne connaissent parfaitement la zone depuis 2002, temps de la rébellion contre Gbagbo. Avant d’arrêter Amadé Ouérémi, l’Armée française a encerclé toute la zone pendant 4 jours, Bangolo et Duékoué avec des chars et d’autres armements lourds. Ce dispositif impressionnant a fortement influencé les miliciens d’Amadé estimés à plus de 6 mille hommes. Alors, ils l’ont abandonné. Si bien que les militaires ont eu accès à lui dans son village situé en plein parc, sans résistance. Il n’y a pas eu d’échanges de tirs », rapportent des sources informées. Tout en donnant ces précisions toujours liées à l’arrestation du mercenaire de nationalité burkinabé ayant combattu aux côtés des ex-rebelles, baptisés FRCI par Alassane Ouattara dès sa prise de pouvoir. « Lorsque l’armée française l’a capturé, elle l’a remise au bataillon de sécurisation de l’Ouest qui, à son tour, l’a détenu dans le camp des FRCI de Duékoué. Là, il a été attaché et toute la population accourait pour le regarder, y compris les militaires ivoiriens qui ne le portaient pas dans leur cœur. C’est seulement dans la journée du dimanche 19 mai qu’un hélicoptère est venu le chercher pour le transférer à Abidjan, sans être menotté », poursuivent les mêmes sources. Une situation qui a fait penser à une arrestation arrangée.
Pourquoi l’armée française est intervenue
Les populations locales interrogées par rapport à l’arrestation d’Amadé Ouérémi, sont sûres d’une chose. Pour elles, cette mise aux arrêts n’a rien à voir avec une quelconque opération visant une réparation de justice s’agissant de l’épuration ethnique perpétrée par Amadé Ouérémi et d’autres miliciens pro-Ouattara du 29 mars au 5 avril 2011 à Duékoué dans le quartier Carrefour, lors de la crise postélectorale. Ayant entraîné le massacre de plus 1000 autochtones d’ethnie Wê. «Les militaires français étaient en première ligne dans cette opération, parce que, selon nos informations, une grande partie du Parc national du mont Péko a été vendu aux Canadiens. C’est donc une affaire d’intérêts entre les puissances occidentales. D’où cette solidarité pour mettre fin à l’exploitation illicite à laquelle s’adonnait Amadé au niveau de tout le Parc national depuis plusieurs années. Les militaires franaçais sont d’ailleurs en terrain conquis dans ce parc qu’ils maîtrisent depuis la crise de 2002. Ils y avaient un intérêt particulier, les Ivoires. Pendant cette période, ils endormaient tous les éléphants du parc pour amputer leurs ivoires. C’est pourquoi aujourd’hui, tous les éléphants du Parc national du mont Péko se retrouvent sans défense », explique avec amertume, un responsable de la chefferie traditionnelle. Mais il ne s’arrête pas là. Selon lui, l’arrestation d’Amadé Oué rémi vise aussi à couvrir les vrais commandants de zones (com-zones) de l’ex-rébellion, comme Losseni Fofana alias Loss du BASO, patron direct d’Amadé dans les massacres de civils de Duékoué en mars et avril 2011.
Plusieurs mercenaires dans la nature
Une chose est claire. Amadé a été mis sous l’éteignoir. Puisque l’opération l’a visé à l’origine. Sur le terrain, c’est la peur panique au sein des populations. « Ce qu’Amadé Ouérémi n’a pas, c’est seuls les avions de combats ». Cet habitant de Bagohouo qui parlait ainsi hier lorsque nous l’avons joint au téléphone, ne croyait pas si bien dire. Puisque voulant montrer que la mise aux arrêts d’Amadé Ouérémi est loin de régler le problème des populations. «Amadé a plus de 6 mille hommes qui ont disparu avec leurs armements. Certains de ses éléments sont incorporés aux Frci, gradés caporaux et intégrés au groupe de Koné Daouda dit Konda. Ce dernier a été muté à l’escadron de gendarmerie de Man après les massacres du camp de déplacés de Nahibly (Duékoué) dans lesquels il est notoirement impliqué.
Ses hommes sont toujours à Duékoué. Aujourd’hui, les habitants des villages de Bagohouo et de Nidrou à l’orée du parc, ne peuvent plus vaquer à leurs occupations. Parce que les hommes de Ouérémi sont dans la nature. D’autres sont aperçus dans la forêt de Guézon vers le fleuve Sassandra. Les assurances que donnent les nombreux gendarmes et policiers déployés dans nos villages, n’apportent rien. Parce qu’ils ne peuvent pas nous accompagner dans nos champs », s’indigent les populations. Ces mêmes sources ajoutent qu’un autre chef milicien rival d’Amadé court toujours avec ses hommes. Le village des ressortissants burkinabé du nom de Baableu dans la sous-préfecture de Guézon serait leur refuge.
Félix Téha Dessrait