Ruben Um Nyobè, figure de proue de la lutte armée pour l’indépendance du Cameroun, tué le 13 septembre 1958 par l’armée française.

Du 25 au 27 juillet 2022, Macron visitera le Cameroun, le pays de Ruben Um Nyobè, Félix-Roland Moumié, Ernest Ouandié, Osendé Afana, tous assassinés par la France pour avoir voulu un Cameroun libre et souverain.

Les historiens les plus sérieux soutiennent que la répression des nationalistes camerounais par l’armée française fit, entre 1955 et 1964, des dizaines de milliers de morts, membres de l’Union des populations du Cameroun (UPC) et civils confondus (cf. Thomas Deltombe, Manuel Domergue et Jacob Tatsitsa, ‘La Guerre du Cameroun. L’invention de la Françafrique’, Paris, La Découverte, 2016).

En mai 2009, en visite officielle à Yaoundé, François Fillon, Premier ministre du voyou et inculte Sarkozy, se permit d’affirmer ceci : “Je dénie absolument que des forces françaises aient participé en quoi que ce soit à des assassinats au Cameroun. Tout cela, c’est de la pure invention !” C’est ce qu’on appelle ajouter l’arrogance et le mépris à la barbarie. Achille Mbembe, qui a contribué à faire connaître le juste combat de Ruben Um Nyobè, a souhaité au sommet Afrique-France de Montpellier (8 octobre 2021) que les Africains soient moins hargneux et plus indulgents vis-à-vis de la France parce que les lignes, d’après lui, bougeraient positivement dans la relation entre Paris et ses ex-colonies. Ce n’est pas l’avis de feu Marcel Amondji qui estimait que la colonisation française ne sait pas s’arrêter. Est donc fausse l’idée selon laquelle la France a abandonné les coups tordus, l’immixtion dans nos affaires internes, le pillage de nos matières premières, le bashing et l’assassinat des Africains qui lui tiennent tête. Il faut être naïf ou de mauvaise foi pour croire que cette France s’est convertie au droit, à la justice, à la vérité et à l’humilité. Voilà pourquoi il serait imprudent de se fier aux paroles mielleuses que prononcera le jeune Macron au Cameroun. Les Camerounais et les Africains en général doivent exiger des excuses et des réparations pour les nombreux crimes de la France sur le continent. Ils ne doivent changer leur fusil d’épaule que quand les Français auront changé de comportement.

Jean Claude DJEREKE