Le village de Vitré 1, dans la commune de Grand-Bassam, a servi de cadre aux membres du collectif des propriétaires terriens coutumiers de Vitré (1 et 2) pour tenir une assemblée générale, samedi 18 Août 2018. Gnagni Aman Obrou Moïse, le président, et ses membres entendaient, au cours de cette assise, faire adhérer la communauté aux projets de développement en cours initiés par des partenaires au profit des deux Vitré.
Présentation des projets de lotissement à Vitré 2 et sur l’île Vitré-Bétigbô entrepris par le collectif avec l’état d’avancement de la procédure d’approbation de ces projets, dressage des plans parcellaires des deux sites afin de permettre à chaque famille de connaître la contenance de son patrimoine foncier, proposition de formation d’un comité de règlement des litiges, création d’un comité de gestion du patrimoine du collectif, tels sont les quatre principaux points inscrits à l’ordre du jour de la rencontre. Puis, au point cinq des divers, la sécurisation de la forêt sacrée et de l’ancien village sis sur l’île Vitré-Bétigbô, l’identification de toutes les familles détentrices du droit foncier coutumier de Vitré et la rencontre et l’identification de tous les exploitants agricoles et fermiers. Pour le président du collectif, ‘’l’approbation par décret présidentiel du schéma d’urbanisme du Grand Abidjan, couvrant la Commune de Grand-Bassam, a fait apparaître «une zone d’aménagement différé (ZAD)»’’ et cette ‘’ZAD’’ constitue un blocage dans la procédure d’approbation de leur projet de lotissement, ‘’alors que nous avons respecté et satisfait à toute la procédure’’, dit-il dans le mémoire rédigé à l’attention des membres, et se référant au décret n° 2016-138 du 09 mars 2016 portant Approbation du schéma directeur d’urbanisme du Grand Abidjan, et lu par Koffi François, vice-président du collecti assurant le secrétariat de séance. Aussi, lance-t-il un appel à toute bonne volonté qui les aiderait dans les recours engagés aux fin de soustraire la parcelle de 212 ha 41 a 32 ca de cette mesure, qui constitue un blocage dans le développement de leurs deux villages, qui ne constituent qu’un seul en réalité, avec notamment les quartiers ‘’Vitré Bégnini’’ et ‘’Vitré Koumassi’’ (Vitré 1 et 2).
Faisant le bilan des actions depuis la mise sur pied du collectif en 2015, Moïse Obrou a fait comprendre aux populations qui se sont déplacées qu’il est temps de taire les querelles afin d’avancer et de faire aboutir les projets. ‘’C’est notre discorde qui nous a causé le retard accusé dans l’évolution de notre projet d’approbation du lotissement engagé’’, regrette-t-il. Puisque, a-t-il révélé, il a dû faire suspendre l’enquête de commodo et incommodo initiée par le ministère de la Construction via la Marie de Grand-Bassam parce qu’elle a vu 26 oppositions, avec pas plus de 10 autochtones. ‘’Or, la présence de ces autochtones au nombre des opposants donne du poids à ces oppositions formulées, pour le reste, par des étrangers, allogènes et allochtones, hélas !’’. Objectif, donc, de cette suspension, ‘’pour permettre aux deux villages ainsi qu’aux détenteurs des droits coutumiers de s’accorder’’. Pour lui, donc, ‘’ne regardez pas ma personne, mais pensez au développement de nos deux villages’’, plaide-t-il. Surtout que, se réjouit-il avec les membres du collectif, ‘’en vertu de ce que la loi n’est pas rétroactive, et tenant compte de ce que le décret présidentiel instituant la «ZAD» laisse la latitude au ministre d’apprécier son opportunité sectorielle, notre Conseil Juridique et les experts immobiliers qui nous soutiennent dans la procédure sont confiants quant à l’issue de nos démarches concernant le dossier de Vitré 2’’, et pour ce qui est de l’île Vitré-Bétigbô, ‘’la vigilance de M Hien Lakité, le financier-chef de projet, nous a permis non seulement d’échapper à des projets gouvernementaux, tels que le parc animalier ou la zone industrielle, mais également de ne pas être frappés par la ‘’ZAD’’. Ce qui est une grande satisfaction pour nous dans la mesure où nous avons obtenu que l’île soit déclarée «zone touristique avec droit de propriété. Cela peut dire que l’Etat nous concède nos terres, avec obligation de n’y réaliser que des projets touristiques. De ce fait, nous garantissons notre vie, celle de nos familles, ainsi que celle de notre descendance, à la seule condition que nous ne vendions pas les lots qui nous seront attribués’’, a-t-il dit.
L’assemblée générale a, alors, entériné la formation d’un comité de règlement des litiges et la création d’un comité de gestion du patrimoine du collectif. Le premier sera constitué d’un chef de terre, d’un chef de génération Tchagba de Vitré 1, d’un chef de génération Bloussoué de Vitré 2, des présidents des comités du foncier et du cadre de vie de Vitré 1 et Vitré 2, des porte-cannes des deux villages et une femme par village. Quant au second, il aura pour tâche d’agir pour le compte du collectif et d’accomplir toutes les procédures afin de permettre aux familles, ainsi qu’à tout bénéficiaire de lots d’avoir les documents administratifs nécessaires.
On notait la présence de jeunes, femmes et notables des deux villages, aux côtés de cadres.
Laurent Nahounou