En Afrique l’environnement socio-politique est caractérisé par cette odeur fétide et sulfureuse d’ethnicisme, d’ostracisme et de notion de vrais autochtones par opposition aux autres qui sont des allochtones et donc inappropriés pour la conduite des affaires publiques qui doit être exclusivement réservée aux purs sang. En réalité cette conception relève des coutumes claniques, des époques où l’on vivait en communauté ethnique. La notion d’État et/ou de nationalité selon son acception actuelle est un phénomène totalement nouveau pour l’africain qui froisse les habitudes et les esprits. Tant qu’on se situe dans la conception traditionnelle du pouvoir comme émanant de la lignée ou du lien de sang, nous sommes tout à fait à l’aise, mais dès que les choses vont dans un autre sens on est tout de suite irrité ; ce n’est pas le bon sens même si c’est le droit.

Mais le politicien n’est qu’un négociant, il vend des illusions aux peuples. Et comme tout bon commerçant il ne propose que des produits adaptés aux besoins et qui satisfont les fantasmes de la clientèle. Le politicien pour avoir du succès, doit donc épouser l’air du temps et prendre la coloration ambiante. Autrement, comme un Mamadou Koulibaly, un Zadi Zaourou, un Francis Wodié, il n’aura pour clientèle qu’une poignée de marginaux. La majorité ne fréquentant que les commerces susceptibles de satisfaire leur libido. Et si un politicien persiste à ramer à contre courant il n’attirera que la foudre de la majorité extrémiste des deux grandes marques concurrentes. Qui mène donc la danse macabre?

Contrairement aux accusations portées contre les politiciens, je pense plutôt qu’ils sont victimes des peuples, même les plus pétris de valeurs sont obligés au parjure sous peine de quarantaine. Même quand on a étudié sous d’autres cieux, qu’on arrive ici avec des valeurs d’égalité, d’empathie on est finalement contraint à piétiner les plus faibles; et paradoxalement contraint par ceux-ci, qui par un déconcertant masochisme obséquieux, vous indiquent qu’un patron ou un “grand type” se doit d’être perché et de regarder les autres d’en haut. C’est en cela qu’il a de la valeur et de l’autorité.

Celui qui refuse de surfer sur le repli identitaire et la problématique de l’étranger envahisseur et dangereux n’aura aucune audience sérieuse. Le politicien n’est qu’un négociant qui doit tirer le maximum de dividendes possible, il est donc obligé d’aller sur le terrain le plus fertile.

Les peuples sont leurs propres bourreaux et l’on ne croyait pas si bien dire en disant que les peuples ont les gouvernants qu’ils méritent, je dirais même que les peuples ont les gouvernants qu’ils fabriquent. Brahima YEO