La vente illicite de terrains à Gonzagueville, dans la Commune de Port-Bouet, à Abidjan, commence à livrer des secrets. Alors qu’ils sont traqués par la Brigade de recherche de la Gendarmerie nationale aux fins de répondre aux nombreuses plaintes de propriétaires terriens et acquéreurs grugés, Koné Amadou alias Koné Amed et Me Dago Liza Séraphin, agent d’affaires, circulent librement à Abidjan et continuent leur besogne, sous la protection d’un Juge d’instruction au Tribunal militaire d’Abidjan, le Commissaire Gauzé, apprend-on de sources concordantes. Les soupçons de cette manœuvre se sont accentués mardi 29 Mai 2018, lorsque l’homme en toge convoque à son bureau pour jeudi 31 du même mois à 11 h, par téléphone, Mme le chef du District de Police de Port-Bouet pour des explications sur la présence permanente de Policiers sur un site à Gonzagueville, sur les terres du village de Petit-Bassam. Sur recommandation de sa hiérarchie qui a été légalement sollicitée, celle-ci a posté depuis plusieurs mois, en effet, un détachement de Policiers sur le site de 50 hectares de l’Association des ferrailleurs et casses de Côte d’Ivoire (Afecaci) situé dans la zone, réputée pour être dangereuse. Où squatters, drogués et autres vendeurs illicites des terrains s’adonnent à cœur joie, et agressent les vrais acquéreurs qui y viennent pour la réalisation de leurs projets de construction. Leur causant de graves préjudices, comme à l’Afecaci qui, du fait de cette situation, ne peut exécuter son projet, son Arrêté de concession définitive (Acd) en main.
Selon plusieurs sources, le collaborateur du Commissaire du Gouvernement, le Procureur militaire Ange Kessi Kouamé entendrait demander à la dame de lever le dispositif de sécurité et de persuasion qu’elle y a installé. Et laisser la place aux faussaires qui devraient reprendre leurs activités lugubres. Pour les mauvaises langues, cette attitude du Juge militaire est incompréhensible, inquiétante, et interpelle sur sa possible complicité dans les vilaines opérations de Koné Amed, Dago Liza et leurs complices sur ce site. Qui expliquent, à ce sujet, que Koné Amed, anciennement vendeur de friperies au petit marché du quartier, reconverti en indicateur de pro-Gbagbo aux Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) au plus fort de la crise postélectorale de 2010-2011, s’est joint au nombre des vendeurs illicites de lots. Il crée à cette fin une société immobilière fictive dont il installe le siège dans le quartier, s’attache les services d’un agent d’affaires qui se fait passer pour ‘’un agent d’affaires judiciaires’’ afin de donner, croit-il, un verni juridique aux tractations avec d’innocents acquéreurs de lots, et s’entoure d’hommes en armes pour dissuader toute opposition des vrais propriétaires.
Or, propriétaire des 376 hectares de la zone, fruit du partage de la forêt déclassée d’Abouabou, le village de Petit-Bassam, dans la même Commune de Port-Bouet, a contracté des conventions de vente avec l’Afecaci et le District d’Abidjan, respectivement de 50 et 116 hectares. Toutes les tentatives de demande de collaboration avec la chefferie de ce village ayant échoué, Koné Amed se rabat sur la dissidence qui s’est entretemps créée, et conduite par Aka Etienne, président de la Commission foncière et financière démis pour manquements graves aux bonnes règles de gestion des ressources du village. Ce dernier, entouré du chef des notables, lui aussi démis pour les mêmes raisons, et plusieurs autres membres de la Commission tout aussi démis, signent une convention avec Koné Amed portant sur 4 700 lots dont la majeure partie se situe dans le périmètre des deux grands acquéreurs. Comme il fallait s’y attendre, ces derniers, retraités et sans emplois pour la plupart, tombent dans son piège, et acceptent même la portion congrue.
La clé de répartition est la suivante : 470 lots (10 %) pour ‘’tous les financiers et personnes interposées ayant intervenu sur les sites’’, 235 lots (5 %) pour ‘’toutes les autorités administratives (ministère, Forces de l’ordre Police, Gendarmerie, Justice, etc.)’’, 1470 lots (30 %) pour ‘’Koné Mamadou et la société Somulsim (Mamadou au lieu d’Amadou sur sa pièce d’identité, erreur faite à dessein, ndlr)’’ qu’il dirige, et 705 lots (15 %) pour ‘’le village de Mafiblé et les planteurs des sites’’ ( ?), soit un total de 2 820 lots (60 %) pour Koné Amed et les siens, 470 lots (10 %) pour ‘’compensation, répartition, indemnisation de tous préjudices causés à autrui’’, 470 lots (10 %) pour le ‘’cabinet juridique de Maître Dago Liza Séraphin et ses alliés à savoir les intermédiaires, apporteurs d’affaires, agents de sécurité, de recouvrement foncier’’ et 940 lots (20 %) pour le ‘’village de Petit-Bassam’’ propriétaire du site, soit 40 %. Un partage de dupes, en réalité. Koné Amed, qui s’octroie ainsi la part du lion, s’attache les services de Dago Liza Séraphin.
Fort de cette prétendue ‘’convention’’ signée entre ‘’le village de Petit-Bassam commune de Port-Bouet, pris en la personne de son représentant légal Monsieur Aka Etienne, président de la Commission foncière et financière du village, de nationalité ivoirienne demeurant en ledit village, cel. : 05 04 17 75’’ d’une part, et ‘’Monsieur Koné Amadou, né le 24/12/1984 à Abobo gare, de nationalité ivoirienne, Directeur de la société Somulsim Sarl ayant son siège social à Abidjan Port-Bouet Gonzagueville Cité Koné Commune de Port-Bouet y demeurant en ladite ville, 12 BP 1310 Abidjan 12, cel. : 45 58 58 08’’, d’autre part, le 22 Août 2016, Koné Amed peut distribuer des lots à des protecteurs dans la haute hiérarchie des administrations judiciaires et militaires. Selon les mêmes sources, c’est ce qui pourrait expliquer ‘’la convocation’’ téléphonique de Mme le chef du District de Police de Port-Bouet par le Commissaire Gauzé, à qui l’on prête aussi des liens de parenté avec Dago Liza Séraphin, tous deux étant originaires de la région du Lôh Djiboua. Et expliquerait aussi la liberté dont continue de jouir les délinquants, malgré l’avis de recherche lancé contre eux.
Quant à Aka Etienne, il croupit depuis quelques mois à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca) pour vente illicite de terrains, sur plainte d’un acquéreur de quatre lots dont il a signé indûment des attestations villageoises. Mais, ce sont au total 534 attestations villageoises, soit plus de 17 hectares qu’il a délivrées, au nom de Koné Amed et Dago Liza Séraphin.
Laurent Nahounou
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