Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a indiqué, mardi, que quelque 3.200 ressortissants de la Côte d’Ivoire ont afflué vers les pays voisins, pour fuir les violences post-électorales qui ont éclaté dans le pays.
La Commission électorale indépendante (CNI) a annoncé mardi matin la victoire du président sortant Alassane Ouattara à l’élection présidentielle organisée samedi dernier. Le scrutin avait été boycotté par une partie de l’opposition.
« Le HCR est préoccupé par le fait que les tensions électorales et les troubles en Côte d’Ivoire ont provoqué la fuite de plusieurs milliers de personnes en tant que réfugiés vers les pays voisins », a déclaré Boris Cheshirkov, porte-parole du HCR. Ces réfugiés, « pour la plupart des femmes et des enfants » sont arrivés au Libéria, au Ghana et au Togo, depuis l’ouest et le sud-ouest de la Côte d’Ivoire, a t-il expliqué lors d’un point de presse à Genève.
Selon l’agence onusienne, de violents affrontements ont éclaté après l’élection présidentielle ivoirienne du 31 octobre, faisant au moins une douzaine de morts et de nombreux blessés, selon les dernières informations rapportées par la presse. Ces tensions post-électorales se sont matérialisées par des mouvements de populations, avec des Ivoiriens fuyant vers les pays voisins « par crainte de violences ».
A la date du mardi 2 novembre, plus de 3.200 Ivoiriens se sont réfugiés dans les pays voisins. « Ces nouveaux arrivants sont parfois des réfugiés qui avaient été rapatriés récemment et qui ont été forcés de fuir à nouveau », a souligné M. Cheshirkov.
Pour la seule journée du 2 novembre, 1.000 Ivoiriens ont fui au Libéria
Nombreux sont ceux qui disent craindre d’être pris au piège par la montée de la violence. Le plus grand nombre – 2.600 – a cherché refuge au Libéria. Pour la seule journée de mardi, 1.000 personnes ont traversé la frontière commune avec le voisin anglophone de l’ouest.
Quelques 600 autres réfugiés ivoiriens sont également arrivés au Ghana à l’est. Plus de la moitié sont originaires de Niable, une ville ivoirienne située à moins de cinq kilomètres de la frontière ghanéenne. La majorité de ceux qui ont choisi de rester au Ghana vivent actuellement dans le camp de réfugiés d’Ampain, situé à près de 60 kilomètres de la frontière.
Les Ivoiriens qui se sont exilés au Ghana ont exprimé leur intention de rester près de la frontière pour pouvoir rentrer rapidement une fois la violence retombée. « Le lundi 2 novembre, 289 Ivoiriens ont choisi de retourner à Niable après avoir appris par leur famille que le calme était revenu », a précisé M. Cheshirkov.
La Commission électorale indépendante (CEI) a annoncé la réélection d’Alassane Ouattara, 78 ans, pour un troisième mandat avec un score de 94,27% des voix au premier tour. La CEI dispose trois jours pour transmettre ces résultats au Conseil constitutionnel, qui a sept jours pour les valider.
Lundi soir, l’opposition, qui dit ne pas reconnaitre « la validité de l’élection présidentielle », a annoncé qu’elle avait créé un « Conseil national de transition présidé par l’ancien président Henri Konan Bédié « dans le but de former un « gouvernement de transition ».
3.000 morts, 300.000 réfugiés et plus d’un million de déplacés après la crise de 2010
Face à ces tensions post-électorales, certaines organisations humanitaires redoutent un nouvel afflux de réfugiés ivoiriens, comme cela a été le cas il y a dix ans. A la fin du mois de novembre 2010, des violences post-électorales avaient éclaté en Côte d’Ivoire. Les combats avaient provoqué un déplacement massif de population.
« L’élection a déclenché une vague de violences telles que le pays n’en avait plus connue depuis 2011, lorsqu’une autre élection présidentielle contestée avait coûté la vie à plus de 3.000 Ivoiriens, en avait forcé plus de 300.000 à fuir vers 13 pays d’Afrique de l’Ouest et en avait déplacé plus d’un million à l’intérieur du pays », a rappelé M. Cheshirkov.
Pour éviter de revivre un tel scénario humanitaire, le HCR appelle les dirigeants politiques et les leaders d’opinion ivoiriens à « s’abstenir d’inciter à la violence » et à ne pas recourir à des discours haineux. Pour l’agence onusienne, tout différend doit se résoudre « de manière pacifique et par le dialogue ».
En attendant, les travailleurs humanitaires onusiens sont mobilisés sur le terrain. Le HCR travaille avec les autorités du Libéria pour enregistrer les réfugiés et leur donner de la nourriture. Selon l’agence onusienne, les communautés locales ont pris en charge leur accueil, partageant avec ces nouveaux arrivants leurs maigres ressources. Le HCR a également déployé du personnel supplémentaire pour renforcer l’aide et les activités de suivi et a remercié les gouvernements du Libéria, du Ghana et du Togo d’avoir maintenu leurs frontières ouvertes aux réfugiés ivoiriens malgré les restrictions liées à la pandémie de Covid-19, en cas de nouvel afflux.
Le HCR continue de travailler en étroite collaboration avec les gouvernements et les autres partenaires de la région « sur des plans d’urgence au cas où les mouvements de réfugiés en provenance de la Côte d’Ivoire devaient s’accélérer ».