« Blé Goudé a commis un crime de lèse-majesté en déclarant qu’il n’intègrera pas le « sous groupe » du PPA-CI. »

Le président ivoirien Laurent Gbagbo (à droite) accueille Charles Blé Goude (à gauche), président de l’Alliance des jeunes patriotes le 30 juillet 2007 à Bouaké, dans le nord de la Côte d’Ivoire, lors d’une cérémonie de désarmement et de réconciliation surnommée “la flamme de la paix”, à laquelle ont également assisté divers dirigeants africains . Gbagbo a effectué une visite historique le 30 juillet dans l’ancien nord tenu par les rebelles – sa première depuis qu’un soulèvement de 2002 contre son régime a divisé le pays. Bouaké était le quartier général des anciens rebelles des Forces nouvelles qui contrôlaient la moitié nord de ce pays d’Afrique de l’Ouest pendant près de cinq ans. AFP PHOTO / ISSOUF SANOGO (Le crédit photo ISSOUF SANOGO/AFP via Getty Images) [ARCHIVES]

Par Kouadio Jean BONIN

Avant-hier, c’était Katinan qui, fièrement, annonçait que, désormais, Blé Goudé serait traité comme un adversaire politique, voire un ennemi. Avant lui, c’était Damana Pickass qui a ouvert les hostilités contre le leader du COJEP en déclarant que « ceux qui lancent des piques à Gbagbo verront ce qui va leur arriver ».

La réalité, c’est que les pro Gbagbo sont coutumiers du fait et de ce manichéisme qui consiste à être avec eux ou contre eux. Il n’y a pas d’autres postures alternatives possibles.

Soit vous déléguez votre cerveau au Gourou afin qu’il réfléchisse à votre place et vous dise ce qui est bien ou mal pour vous, et alors vous êtes célébrez dans la secte politique. Soit, vous faites preuve d’ouverture d’esprit et alors vous êtes voués aux gémonies par nos néo auto proclamés détenteurs de l’orthodoxie de la pensée patriotico-panafricaniste.

Blé Goudé a commis un crime de lèse-majesté en déclarant qu’il n’intègrera pas le « sous groupe » du PPA-CI. C’en était trop pour eux. Il faut donc le pendre haut et court ou le jeter dans les braises incandescentes des flammes de l’enfer.

Gbapê est à présent déclaré personae non grata. Il est devenu, en l’espace d’une interview, l’ennemi public numéro un. Celui qui concentre tous leurs tirs groupés.

Mamadou Koulibaly est lui aussi passé par là. Avant lui ce fut Anaky Kobenan, Dakoury Tabley et Don Mello. Tous ont été vaincus et ont dû quitter le FPI pour aller créer une autre formation politique. Tous, sauf un : Affi N’Guessan.

Affi fait figure d’extraterrestre. Il a non seulement résisté pendant 8 ans à la bourrasque, mais, mieux, il les a, une fois n’est pas coutume, poussé à quitter le parti et à aller en créer un autre. Chapeau bas. Un vrai coup de maître.

Hier, c’était Affi N’Guessan qui était sali et traité de tous les noms d’oiseaux. Puis ce fut le tour de Simone Gbagbo, cette grande dame, d’être traînée dans la boue par des culs-terreux et des boutentrains de la pire espèce.

La nouvelle cible c’est Blé Goudé. À croire que dans cette confrérie politique, la seule chose la mieux partagée c’est la palabre interminable et les incessantes récriminations contre leur propre camp.

Une approche psycho-psychiatrique s’impose pour comprendre les causes profondes qui pourraient justifier cette propension suicidaire à l’auto flagellation et la transposition chez l’autre de leurs tourments refoulés.

Une seule explication s’impose. En psychanalyse ou en psychiatrie clinique, on parlerait de syndrome post traumatique. Ces troubles du stress post-traumatique sont des troubles psychiatriques qui surviennent après un événement traumatisant. Ici, c’est évidemment la perte brutale du pouvoir en 2011, puis le transfèrement de Gbagbo à la CPI et enfin la dureté de l’exil qui semblent être en cause.

Ces troubles se traduisent généralement par une souffrance morale et des complications physiques qui altèrent profondément la vie personnelle, sociale et même politique des personnes qui en souffrent. Cette altération peut expliquer qu’ils fassent de leur adversaire politique un allié, en allant par exemple le voter à la présidence de l’Assemblée nationale et en même temps, qu’ils combattent un allié objectif, en le diabolisant. Quel paradoxe !

Une autre explication tout aussi plausible pourrait aussi être que l’adversaire déclaré, le RHDP, leur paraît si redoutable qu’ils préfèrent s’en prendre à ceux qu’ils estiment moins puissants pour se donner l’impression de la puissance qu’ils n’ont pourtant plus depuis la chute du mur de Mama. Ils vivent donc dans le passé et le total déni des réalités.

Quelle déchéance ! Quelle fin tragique !

 

SOURCE : Facebook Kouadio JEAN BONIN