« Un État ça broie tout ce qui veut lui faire échec et surtout en période de crise où l’état d’urgence est déclaré. »
Aujourd’hui des riverains du stade de la BAE à Yopougon se sont permis d’empêcher l’État de Côte d’Ivoire représenté par le ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique d’installer un centre de mise en quarantaine d’éventuels cas de Covid19 dans le cadre de sa stratégie de riposte à cette pandémie. Le matériel acquis à cet effet par l’argent du contribuable en ces temps de rareté des recettes fiscales a été saccagé. Ceci est le résultat d’un manque de rigueur et de fermeté de l’État particulièrement dans la gestion de cette crise. Tout a commencé lorsque dans l’affaire de l’INJS l’État a dit faire confiance au sens de la responsabilité et du civisme d’individus en les laissant rentrer chez eux. Conséquence ils se sont fondus dans la nature et dans la population, certains se retrouvèrent à l’intérieur du pays pendant que les services de Santé ont du mal à retrouver d’autres dans une ville sans adressage ni moyen concret de repérage.
On a encore déclaré l’état d’urgence et le couvre-feu, mais certains de nos concitoyens ne s’en sentent pas concernés si bien qu’un chauffeur de taxi s’est permis de renverser un policier pendant qu’il s’évertuait sous une pluie battante à faire respecter la mesure. Aucune sanction ou action faisant tâche d’huile pour dissuader d’éventuels renégats. Les mesures de distanciation dans les transports en commun ne sont pas respectées notamment par les chauffeurs de “gbakas”, on feint de ne rien voir, aucune correction exemplaire. Des maquis continuent d’ouvrir tranquillement et des gens continuent de vivre au grand mépris des consignes. La mesure de mise en quarantaine d’Abidjan mise en œuvre avec la plus grande des légèretés si bien que des malades ont eu la latitude de filer “au village”.
L’État ce Léviathan est attentiste tel un chaton. Voilà maintenant avec l’affaire de la BAE des gens qui habitués à ce laxisme et ne craignant rien, se sont permis de saboter tous les efforts. Et ils s’en trouvent d’autres pour soutenir que l’État devrait demander la permission à ces rois avant de déployer ses installations. Diantre!!! Où sommes-nous ? Les appareils de répression de l’État auraient-ils perdu leurs couilles? Ou bien ils ne sont efficaces que lorsqu’il s’agit de broyer des politiciens ?
N’avons-nous pas, du sommet à la base, pris la pleine mesure de la notion d’état d’urgence et de la menace que représente le COVID-19 ?
Un État ça broie tout ce qui veut lui faire échec et surtout en période de crise où l’état d’urgence est déclaré. L’État doit ici démontrer ce caractère de monstre froid et impitoyable que décrivait déjà Thomas Hobbes.
Nous sommes dans une société où il faut éduquer par l’exemple. Il faut que par exemple le traitement infligé à un chauffeur fasse tache d’huile pour dissuader tous ceux qui seraient tentés de passer outre les mesures ; que le traitement infligé aux riverains de la BAE fasse tache d’huile et dissuade tous ceux qui seraient tentés à l’avenir de s’opposer à une action de l’État, que des tenanciers de maquis, des marchands peu scrupuleux etc… servent d’exemple. Inutile de dire à la Grande Muette ce qu’il faut faire. Mais en temps de guerre, surtout avec un ennemi invisible que chacun de nous est susceptible de transporter on ne badine pas. Ce n’est pas un jeu.