Cardinal Jean-Pierre Kutwa : Un dignitaire sans dignité
En demandant à Dramane Ouattara de “faire sortir de prison ceux qui ont été arrêtés dernièrement”, Kutwã n’a pas été victime d’un lapsus linguae mais a dévoilé publiquement ce qu’il est en réalité : complice d’un régime qui a utilisé des arguments farfelus pour endeuiller, terroriser et appauvrir les Ivoiriens.
Je suis arrivé à la conclusion, après analyse de ses discours et de son comportement, que cet homme n’a rien d’un chrétien et que, s’il servait vraiment le Dieu de justice et de vérité, s’il travaillait véritablement pour le Dieu dont Paul affirme qu’il ne fait point acception de personnes (Romains 2, 11), l’archevêque d’Abidjan ne ferait pas montre d’une indignation aussi sélective car en plaidant uniquement pour les députés et militants proches de Kigbafori Soro arrêtés et incarcérés à la MACA il y a quelque temps, il donne l’impression que, pour lui, (la remarque vaut également pour Salomon Lezoutié et Siméon Ahouanan devenus étrangement muets depuis le 11 avril 2011 comme si les maux qu’ils dénonçaient hier avaient disparu), Bruno Dogbo Blé, Anselme Séka Yapo, Jean-Noël Abehi et d’autres valeureux soldats peuvent rester et mourir en prison. On a le sentiment que, pour lui, un militaire n’a pas le droit de défendre son pays quand celui-ci est attaqué par des rebelles soutenus par la coalition franco-onusienne dont on nous avait pourtant dit qu’elle était neutre et qu’elle avait pour mission de protéger les populations.
Bref, on est tenté de penser que, aux yeux de Kutwã, Laurent Gbagbo a commis un crime en refusant d’accepter des résultats partiels et provisoires proclamés hors délai dans le quartier général de son adversaire et que, dans son entendement, l’Église catholique ne devrait reconnaître et respecter que les dirigeants africains capables comme Alassane Ouattara de se prosterner devant la France et de lui offrir nos richesses sur un plateau.
J’espère que nous saurons un jour pourquoi l’abbé Patrice Savadogo, présent à la cathédrale Saint-Paul d’Abidjan la nuit où Robert Gueï fut capturé et assassiné, sert comme prêtre fidei donum au Canada depuis l’année pastorale 2017-2018.
Pour l’heure, j’’éprouve, comme tant de fidèles catholiques ivoiriens, tristesse et déception pour une Église dont beaucoup étaient fiers hier parce que Mgr Bernard Yago se battait bec et ongles pour qu’elle ne fût pas assujettie à Houphouët, pour qu’elle rende toujours témoignage à la vérité et à la justice , pour qu’elle prenne constamment le parti des pauvres et des faibles, bref pour qu’elle soit “la bouche des malheurs qui n’ont point de bouche” (Aimé Césaire).
Jean-Claude DJEREKE