Il ne s’agit pas seulement de pères et de mères de famille. Il s’agit aussi et surtout d’écoliers sommés de quitter Adjouffou, le quartier qui jouxte l’aéroport d’Abidjan. L’État, via la mairie de Port-Bouët, leur a donné deux jours pour s’exécuter. Pourquoi ? Parce qu’un enfant vivant, non pas à Adjouffou, mais à Yopougon a trouvé la mort dans le train d’atterrissage d’un avion de la compagnie Air-france entre Abidjan et Paris.
J’ai beau chercher, je ne vois pas la logique d’une telle décision.
Barthélemy Ani Guibahi, 14 ans, a posé cet acte de désespoir parce qu’il voulait fuir la misère, parce qu’il espérait trouver une vie meilleure en France comme ces jeunes qui partent chaque jour de Daloa et risquent leur vie en traversant la dangereuse Méditerranée.
La mort de ce jeune collégien signifie tout simplement que le régime Ouattara a échoué sur toute la ligne. La croissance à deux chiffres dont il se targue à longueur de journée, l’aéroport d’Abidjan qui serait aussi sécurisé que ceux de l’Occident, Dramane Ouattara qui aurait travaillé plus et mieux que tous ceux qui ont dirigé la Côte d’Ivoire avant lui, tout cela n’est que mensonge et mystification.
Dans un pays normal, c’est-à-dire un pays où les fonctionnaires de l’État tiennent à leur dignité et honneur, le ministre des Transports et les responsables de l’aéroport d’Abidjan auraient démissionné, illico presto.
La bonne décision, à mon avis, consisterait à limoger ces individus incompétents au lieu de demander à des familles qui ne savent où aller de quitter leur quartier alors que l’année scolaire n’est pas terminée.
Où sont ceux qui aspirent à (re)prendre le pouvoir ? Que disent-ils ? Que feront-ils pour les pauvres populations d’Adjouffou ? Nos opposants “choco” daigneront-ils sortir de leur “repli tactique” pour arrêter le non-sens et l’injustice de ce régime qui s’est spécialisé dans la fuite en avant ? Les soi-disant guides religieux et chefs traditionnels réagiront-ils à temps pour mettre fin à la détresse des populations d’Adjouffou ?
Jean-Claude DJEREKE