Par Solange Aziallo Tohouri | LIDER | 08 mars 2014
Le 08 mars est la journée internationale de la femme. Nous fêtons, nous buvons et si nous avons de la chance, nos hommes sont aux petits soins pour nous. Puis après cette journée, le quotidien nous rattrape avec son lot de misères et d’injustices.
En Côte d’Ivoire, les gouvernements se succèdent mais la situation des femmes ne change pas. Elles sont nombreuses à être au cœur des foyers, à se préoccuper de l’avenir des membres de la famille. Les femmes souffrent, elles vivent la galère pour nourrir leur famille, elles ont toutes des difficultés pour trouver de l’argent pour scolariser leurs enfants, pour se soigner. Pendant les campagnes, ces femmes sont manipulées avec la promesse de l’école gratuite pour leurs enfants, les soins gratuits, la vie moins chère. Elles se donnent à cœur joie, espérant avoir enfin des solutions à leurs problèmes. Après les élections, les promesses ne sont pas tenues et les femmes sont toujours avec leurs soucis.
A LIDER, nous pensons que le 08 mars devrait être une journée de réflexion sur la condition de la femme dans notre pays. Ce jour symbolique doit être une occasion pour nous d’ouvrir les yeux et de comprendre qu’elle est la vraie cause de nos difficultés. Quand nous parlons de la liberté, cela ne veut pas dire que tous les excès sont permis et que tout est possible. Le respect de l’autre doit être enseigné dans les familles. L’éthique, la morale sont les fondements sur lesquels va pouvoir se construire un individu libre, capable de s’intégrer dans un état de droit. Pour être forte, une famille doit être équilibrée et la femme, qui est au cœur de la cellule familiale, a un rôle prépondérant dans l’édification de cette harmonie. Renforcer et équilibrer le rôle de la femme dans la famille, promouvoir son emploi pour qu’elle prenne toute sa place au sein de la société est central dans la réflexion de LIDER.
Aujourd’hui, dans certaines régions, les femmes n’ont pas droit à la terre. Ce n’est pas normal. Nombreuses sont les femmes qui s’éreintent à travailler dans le domaine agricole sans être propriétaires des terres qu’elles cultivent. LIDER propose de moderniser l’agriculture, et cela passe par la réforme foncière. En Côte d’Ivoire, la terre est un capital qui dort. Il faut la réveiller et lui donner la possibilité d’avoir une valeur d’échange sur un marché libre. Pour cela, il faut faire le cadastre dans les brousses, les villages afin de délivrer des titres de propriété aux populations rurales. La terre aura ainsi une valeur et pourra être louée, vendue, mise en valeur ou transmise à la descendance. A partir de là, les banques auront la possibilité d’accompagner les paysannes et agricultrices en leur donnant des crédits. Le but de la réforme foncière est de faire en sorte que les conflits fonciers cessent ; que l’agriculture soit plus rentable, plus diversifiée et plus productrice ; que le monde paysan bénéficie de l’aide des banquiers en ayant accès à tous leurs produits bancaires ; que la population rurale sorte de sa vie de misère pour bénéficier enfin elle-même de la prospérité qu’elle a offert au pays et à son personnel politique ; et que la femme puisse hériter de la terre de ses parents.
Le recrutement très limité dans les services publics et la difficulté d’accéder à une éducation de qualité créent aujourd’hui un réel problème de chômage et là, les femmes sont maltraitées. Je n’ose pas énumérer ce qu’elles subissent. C’est pour cela que LIDER propose de dynamiser l’entreprise en améliorant son cadre institutionnel à travers des solutions qui permettront d’alléger les procédures de création et les coûts. LIDER propose aussi de s’attaquer à la fiscalité parce qu’aujourd’hui, les entreprises sont freinées par des relations complexes avec l’administration. Le système fiscal actuel compliqué, multipliant les taxes, incite les femmes qui ont le désir d’entreprendre à se réfugier dans le secteur informel. Il faut un taux d’imposition unique proportionnel et non progressif, applicable à tous, simple pour les entreprises et rentable pour l’Etat. Cela permettra au contribuable de ne plus se cacher et boostera la capacité des femmes à mettre en place des petits commerces, des entreprises et des activités qui leur donneront une sécurité financière nécessaire à leur bien-être et à celui de leurs familles.
Même si la population reste encore majoritairement jeune, les femmes retraitées sont de plus en plus nombreuses en Côte d’Ivoire. Actuellement, le paiement des pensionnées est difficilement assuré par un système de répartition, c’est-à-dire que ce sont les jeunes actifs qui paient, avec les prélèvements effectués sur leurs salaires, pour les vieilles qui sont à la retraite. Cela ne fonctionne évidemment pas, puisque le chômage a explosé et qu’il y a de moins en moins de jeunes actifs qui trouvent du travail pour pouvoir financer la retraite des vieux. Avec LIDER, les femmes seniors sortiront de la précarité grâce au système de retraite dit par capitalisation et qui fonctionne ainsi : Chacune épargne pendant sa vie active pour assurer sa propre retraite, avoir une meilleure couverture sociale et dégager une épargne utile au développement du pays. Cet argent mis de côté prendra de la valeur, jusqu’au moment où l’on va à la retraite, et c’est nous-mêmes qui décidons le montant et les conditions de notre pension. Cette épargne permettra également aux opérateurs économiques d’obtenir des emprunts auprès des banques et fonds de retraites. La gestion de la retraite, celle de l’épargne et de la santé vont ensemble et sont donc également des moyens de redynamiser l’économie.
Lorsque le gouvernement parle de l’aide publique au développement, il ne s’agit pas de dons. La dette en Côte d’Ivoire est un véritable fléau. Femmes, parlons-nous franchement : Chaque Ivoirien reçoit en versement net par an environ 4.500 fcfa d’aide publique au développement. A l’inverse, chaque enfant qui vient de naître en Côte d’Ivoire est déjà endetté à hauteur de 350.000 fcfa à la seconde où il pousse son premier cri. LIDER propose de sortir de ce cercle vicieux, de changer radicalement de voie et de trouver la source de nos financements en favorisant le secteur privé. Il faut chercher les ressources ici en Côte d’Ivoire pour financer le développement. C’est possible, je viens d’évoquer quelques pistes.
Au regard du bilan désastreux des régimes présidentiels en Afrique et tirant les leçons de l’histoire ivoirienne, au cours de laquelle nous avons vu nos présidents de la république se transformer en rois qui rapidement nous tyrannisent, LIDER propose de passer au régime parlementaire. Avec ce régime, on fera une seule élection à un seul tour de scrutin, qui permettra d’élire les députés. Cela coutera nettement moins cher que les deux élections à deux tours de scrutin du système actuel et donc l’Etat nous endettera moins. Le parti ayant la majorité au parlement désignera son représentant, qui deviendra président de la République. Ce représentant formera son gouvernement qui aura l’obligation de rendre compte chaque semaine à l’assemblée nationale. Le régime parlementaire assure un meilleur contrôle des hommes politique par les contribuables que nous sommes. Par ailleurs, il permet aussi d’organiser des élections paisibles. Les enjeux ne sont pas nationaux, mais strictement locaux. Un candidat à la députation à Odienné ne cherchera pas à combler son déficit de voix en organisant une fraude de rattrapage à Abengourou. Les résultats seront connus le soir même de l’élection et nous pourrons en discuter tranquillement en famille, sans avoir peur d’être violentées ou menacées par des miliciens instrumentalisés par un homme qui veut le pouvoir suprême pour lui et son clan uniquement.
Nous sommes en 2014 et 2015 est une année électorale. Nous n’avons pas encore oublié nos souffrances de 2010-2011, pour ne parler que de ces deux années. Cette fois-ci, nous voulons aller à des élections, mais dans des conditions apaisées, sécurisées et démocratiques. Pour cela, femmes de Côte d’Ivoire, voici les points sur lesquels nous devons centrer nos réflexions : Nous devons exiger le recensement général de la population et de l’habitat, la révision de la liste électorale, la recomposition de la commission électorale et la sécurisation des élections afin d’éviter qu’on ne tue encore nos enfants, nos maris ou nous-mêmes lors du prochain scrutin.
J’invite les femmes à faire les bons choix pour que la fatalité cesse et que le progrès social devienne une réalité pour toutes. Rejoignez-nous à LIDER pour que la femme ait tous les jours une vie meilleure en Côte d’Ivoire. Ensemble, nous réussirons !
Solange Aziallo Tohouri
Déléguée nationale LIDER au Logement et au Développement urbain