Jean-Laurent Turbet | Le Symposium des loges d’Afrique de la Grande Loge de France (GLDF), vient de se dérouler à Lomé, au Togo, du vendredi 13 mars au dimanche 15 mars 2015.
Mais qu’est-ce donc qu’un Symposium ? C’est est l’occasion, une fois par an, de rassembler des frères des ateliers de la GLDF de toute l’Afrique de l’Ouest.
Après Pointe Noire au Congo Brazzaville l’an dernier, et avant Dakar au Sénégal l’an prochain, ce sont les Loges de Lomé, au Togo, qui étaient en charge de recevoir ce symposium.
En effet, il y n’a pas moins de cinq loges de la Grande Loge de France à Lomé (« Le Delta du Bénin » 884, « Ptah » 1132, « La Lumière du Bénin » 1213, « Les disciples d’Hiram » 1283, et enfin « Diogène de Sinope » 1333 qui est l’une des six loges de recherche de la GLDF).
Ce symposium a été co-organisé et co-financé par le Congrès Ile de France/Outre Mer/ Orients éloignés (IDF/OM/OE), auquel les loges d’Afrique sont rattachées et par la Grande Loge de France.
Michel Olabiiré Da Cruz, de la loge « Le Delta du Bénin » de Lomé, assumait le rôle de président du Symposium.
La Grande Loge de France était représentée par Thierry Pigelet, Grand Chancelier adjoint, représentant le Grand Maître Marc Henry.
Jean-Gabriel Marimoutou, Conseiller Fédéral, Inspecteur des Loges de Lomé, et Antoine Evoundou, assistant Grand Maître en charge de l’Afrique faisaient également partie de la délégation officielle.
Tout comme Jean-Raphaël Notton, qui, en tant que président, représentait le Congrès IDF/OM/OE.
Et ce sont près de 150 frères, de toute l’Afrique, qui ont participé aux 3 jours de travaux. La Grande Loge de France a plus de vingt loges en territoire africain.
Ces symposiums africains annuels sont l’occasion de travaux bien sûr, mais également de rencontres et d’échanges multiples.
Ils constituent l’un des « ciments » de toutes les Loges de la Grande Loge de France en Afrique.
Les mots de bienvenu des frères de Lomé sont le symbole de l’esprit de ces rencontres : « nous vous accueillons sur la terre de nos aïeux, ce sont les rencontres du donner et du recevoir, pour resserrer les liens de fraternité au-delà des frontières ».
Jean-Raphaël Notton, président du Congrès IDF/OM/OE, a plaidé pour : « l’Union dans l’action, de tous les hommes vertueux ».
« Nous ne pouvons ignorer les maux douloureux qui frappent actuellement l’Afrique, les épidémies, le Terrorisme, les désordres climatiques. Notre devoir est d’être à vos côtés, et de vous soutenir chaque fois que vous avez besoin de nous. »
« Nous sommes des hommes libres, et avec vous nous devons lutter contre toute forme de racisme.
« Nous sommes à vos côtés avec comme seule ambition d’aider vos actions d’hommes éclairés, en faveur d’une vie meilleure, qui profite au plus grand nombre. »
Les représentants de la Grande Loge de France, Thierry Pigelet,Jean-Gabriel Marimoutou, Antoine Evoundou, ont tour à tour plaidé avec chaleur pour les liens indéfectibles, qui unissent la Grande Loge de France à ses loges d’Afrique.
L’un des moments les plus intenses de ces 3 jours fut incontestablement la matinée consacrée aux travaux de la Loge de recherche Africaine « Diogène de Sinope ».
Elle présenta un travail sur le thème des rites initiatiques en Afriquequi fut l’occasion d’échanges d’une rare profondeur.
C’est par un « nous vous aimons ! » que Thierry Pigelet – ému aux larmes – au nom du Grand Maître, a conclu ces trois jours de travaux.
Le flambeau, symbole de l’organisation du symposium des loges d’Afrique, a été transmis à Joël-Yves Danton, représentant Dakar et le Sénégal, qui auront en charge son accueil l’an prochain. La loge “La croix du Sud” 775, créee en 1960 est la plus ancienne loge de la GLDF au Sénagal (“Lux Mea Lex” a allumé ses feux en 2008). Le Sénégal est le payx d’Afrique qui accueille des loges maçonniques depuis le plus longtemps (« Saint-Jacques des Vrais Amis rassemblés », la première loge en terre africaine a vu le jour en 1781 à Saint-Louis du Sénégal).
Ces rencontres poursuivent de la plus belle des manières la tradition des liens anciens qui unissent la GLDF avec ses loges d’Afrique.
Lorsqu’on parle de Franc-Maçonnerie et d’Afrique je ne peux m’empêcher de penser à l’ombre tutélaire de Gilbert Schulsinger qui fut Grand-Maître Honoris Causa de la Grande Loge de France et membre de la loge « Qui ? Vérité ! ».
Gilbert aimait tant l’Afrique et les africains.
Chirurgien de profession il avait créé ou participer à la création d’hôpitaux et dispensaires en Afrique et se préoccupait également de la formation des médecins afrcains.
Il a effectué d’innombrables voyages en Afrique et les frères africains l’ont toujours considéré comme l’un des leurs. Il fut l’un de ceux qui imaginèrent et réalisèrent les REHFRAM.
Il était également un grand spécialiste des questions d’éthique et de bioéthique. Comme pour le droit de mourir dans la dignité.
Gilbert a rejoint l’Orient éternel il y a près de trois ans et il nous manque beaucoup.
Il était également très attaché à la Transmission, action primordiale du franc-maçon.
En juillet 2002 il l’explicitait clairement au miro d’une émission de radio où il répondait à Bernard Platon et Serge Dekramer :
« Qu’est-ce que nous avons à transmettre ? Nous avons à transmettre essentiellement les données imprescriptibles de la condition humaine, celles qui font que l’homme, en toutes circonstances, quelle que soit sa nationalité, sa couleur, sa religion, a le droit à une égale dignité.
Il est bien évident que, au fur et à mesure des générations, et notamment aujourd’hui avec l’extension du domaine des communications, sur cette petite planète terre, ces données deviennent de plus en plus larges.
Ces données qui sont au départ celles de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen prennent une ampleur encore plus considérable qu’à l’origine en 1789, c’est bien elles que nous avons à défendre et que nous avons à transmettre.
C’est cette tradition humaine qui est importante pour nous ».
Belle conclusion également pour ce Symposium des loges africaines 2015 ! Comme Gilbert aurait été heureux d’y participer…