Une affaire pour le moins délirante et rocambolesque à la fois s’est produite à Bidia, village de la sous-préfecture de Gadouan dans le département de Daloa. A en croire nos sources, le dimanche 17 mai 2015, Goba Alfred, originaire du village de Bidia, perd son épouse du nom de Dali Agnès. Cette dernière est décédée dans le village de Niakia dans un camp de prière où elle était allée chercher la guérison. En attendant l’inhumation prévue pour le samedi 27 juin 2015 à Bidia, le veuf fait conserver le corps à la morgue « Péwali » de Saïoua. Plus tard, en prélude à l’enterrement, évidemment, la tombe est apprêtée à Bidia. Le vendredi 26 juin 2015, des bâches sont dressées. La sono est mise en place. En somme, tout le décor requis pour les funérailles est planté avec de nombreux invités, venus de bourgades environnantes. Alors, dans l’après-midi de ce vendredi 26 juin, Goba Alfred, le mari éploré, prend la tête d’une forte délégation de parents et fonce à la morgue « Péwali » de Saïoua en vue de la levée de corps de sa défunte femme. Mais une fois sur place, dans la structure mortuaire, coup de théâtre. Point de traces du corps de dame Dali Agnès. Mais que s’est-il donc passé ? Le veuf et les siens sur les dents, déboulent à l’administration de la morgue pour avoir des explications sur la disparition du corps de Dali Agnès. Et là, tous se rendent compte qu’il s’agit d’une grave méprise. En effet, il revient que dans la même morgue était conservé le corps d’une autre dame répondant au nom de Tékou Likané Agnès, originaire de Niakia, village du défunt ministre Bouhoun Bouabré. Cette dernière, pour sa part, est décédée à Bidia où elle s’était rendue pour rendre visite à sa nièce qui y est mariée. Le samedi 13 juin 2015, ses parents sont venus récupérer sa dépouille conservée déjà dans un cercueil bien fermé. Et direction, Niakia où elle est inhumée le lendemain dimanche 14 juin 2015. Mais ce vendredi 26 juin 2015, les responsables de la morgue viennent de se rendre compte qu’ils ont fait une grave confusion. Du fait, en effet, du même prénom Agnès qu’ont en commun les deux femmes décédées, ils ont livré aux ressortissants de Niakia, la dépouille de Dali Agnès en lieu et place de celle de Tékou Likané Agnès. Likané Agnès dont ils viennent de constater que le corps est encore conservé dans l’un de leurs casiers mortuaires. Indignation du veuf Goba qui append ainsi que depuis le dimanche 14 juin 2015, sa femme est enterrée dans un autre village. Village où les gens n’ont malheureusement pas pris la peine d’ouvrir le cercueil pour voir qui y est étendu, avant l’inhumation. C’est donc avec un cercueil vide, que le pauvre Goba Alfred et les siens retournent à Bidia. Là, c’est la révolte totale. Que faire à présent des bâches dressées, de la sono distillant déjà à tout rompre, des décibels émouvants de chansonniers bété ? Que faire également de ce parterre d’invités et de tous ces repas en train de cuire et dont l’odeur a littéralement envahi tous les recoins du village ? Non, c’est inacceptable. La bourgade est en transe. Il n’est pas question de laisser les choses en l’état. L’intervention salutaire du sous-préfet Il est donc décidé d’avoir une discussion houleuse avec les responsables de la morgue à la base de toute cette situation désagréable. Et ensuite, descendre à Niakia, pour exhumer le corps de Dali Agnès et le ramener à Bidia où l’attend sa tombe. Et effectivement, le samedi 27 juin 2015, Bidia se vide quasiment de sa population qui, poussant des cris guerriers, débarque à la morgue « Péwali » de Saïoua. C’est clair, les choses sont en voie de mal se passer. Saisi, le sous-préfet de la ville de Saïoua intervient rapidement pour éviter une situation aux conséquences incalculables. Il raisonne Goba Alfred, le mari éploré ainsi que la cohorte de villageois en colère l’accompagnant. Puis, il convoque une réunion tripartite à laquelle prennent part, les responsables de la morgue, les représentants du village de Bidia et ceux de Niakia. Au terme des discussions, il est donc arrêté que la morgue rembourse à Goba Alfred, les frais de conservation du corps, du transfert du corps au village, du cercueil, de la sono et de la location des bâches. Par ailleurs, concernant la tombe déjà confectionnée et qui doit rester vide, il faut un rituel avant de la refermer. Ce, pour éviter un autre malheur dans l’immédiat, aux familles éplorées. A ce niveau, il est demandé à la chefferie de Niakia, d’en assurer tous les frais. Quant à l’exhumation à Niakia du corps de dame Dali Agnès envisagée par son époux, il n’en est plus question. Vu que pour le faire, il va falloir une procédure administrative très longue. Et de plus, il faudra mobiliser une équipe des services sanitaires compétents. En clair, dame Dali Agnès doit reposer définitivement à Niakia. Niakia qui devra ensuite accueillir la dépouille de dame Tékou Likané Agnès confondue maladroitement avec celle de son homonyme. C’est sur cette médiation du sous-préfet, que les choses rentrent dans l’ordre et que les clameurs guerrières s’estompent. Quelle histoire !
KIKIE Ahou Nazaire
Source : Soirinfo 6221 du mardi 30 juin 2015