Dissidents au chef de Petit-Bassam depuis leur mise à l’écart de la gestion du village, ils ont décidé d’avoir sa peau. Toutes les tentatives de sa démission ayant échoué depuis plus de deux ans, ils se sont tournés vers le Tribunal afin de le voir condamné pour ‘’faux et usage de faux’’, l’accusant d’agir au nom du village alors qu’il n’en aurait plus la qualité. Déboutés par le Juge, ils décident désormais de le poursuivre pour ‘’détournement de deniers publics’’, au risque de se retrouver en prison à la suite de ce procès pour ‘’dénonciation calomnieuse’’.

Ils sont conduits par Nandjui Aké William, ex-chef des notables du village, depuis l’incarcération à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca) de celui qu’ils ont désigné comme leur leader, Aka Etienne, ex-chef de la Commission foncière et financière démis pour sa gestion opaque des deniers du village, pour vente illicite de terrains il y a plus de deux mois. Mardi 29 Mai 2018, ils se sont retrouvés à la barre, au Tribunal de Première instance d’Abidjan-Plateau, par devant le Juge de la Correctionnelle, pour expliquer l’accusation portée contre l’Honorable Gnagne Nimba Richard. Finalement, au terme ‘’d’une exception’’ soulevée par Me Amani, le Conseil de l’accusé, le Juge a dû renvoyer l’affaire devant le Juge du Premier Cabinet. Les dissidents, qui disaient ne plus reconnaître l’accusé comme leur chef, lui contestaient sa signature sur des documents engageant le village. Alors que celui-ci est toujours détenteur de l’arrêté préfectoral de nomination, et que leur tentative de le disqualifier a lamentablement échoué dans toutes partout où ils se sont présenté. Me Amani a, donc, demandé que la citation de l’affaire, disqualifiée parce que les plaignants n’ont pu produire la preuve de leur accusation pour ‘’faux et usage de faux’’, soit remise en forme. Puisqu’en lieu et place de ce chef d’accusation, les plaignants disent désormais que leur chef aurait ‘’détourné des deniers publics’’.

C’est que, selon l’accusation, le chef du village se serait rendu coupable de détournement de plusieurs milliards de francs Cfa, fruit de la vente de parcelles de terre de Petit-Bassam au District d’Abidjan et à l’Association des ferrailleurs et casses de Côte d’Ivoire (Afecaci), à hauteur respectivement de 4 600 000 000 F (quatre milliards six cent millions de francs) et plus de 2 000 000 000 F (deux milliards de francs) pour achat conventionnel de 116 hectares et 50 hectares. Sous prétexte que les sites visés seraient la propriété des familles du village. Curieusement, ils demandent des dommages et intérêts de 5 000 000 F (cinq millions de francs Cfa) ainsi que la restitution des terres de leurs familles. Mais, cette autre qualification de l’affaire pourra-t-elle prospérer ? Pas si sûr.

Premièrement, le site en question fait partie du patrimoine foncier des 376 hectares dont a hérité le village de Petit-Bassam suite à la forêt déclassée d’Abouabou par le Gouvernement de Côte d’Ivoire. Il est le fruit de la victoire de la chefferie sur d’autres villages qui refusaient de le partager, après plusieurs procès. Aucune famille de Petit-Bassam n’y a jamais eu la moindre parcelle de terre, encore moins la communauté villageoise toute entière avant cela. Il serait, alors, impossible aux plaignants d’apporter la moindre preuve de leur accusation. A moins de produire de faux documents les rendant propriétaires, ce qui, de toute évidence, aggraverait leur cas.

Deuxièmement, s’il est vrai que des conventions de vente-achat lient le village de Petit-Bassam au District d’Abidjan et à l’Afecaci, il est cependant archi-faux de faire croire que ces deux structures se sont acquitté de leurs factures. Des informations de sources villageoises affirment, avec forces détails, que l’avance de 300 000 000 F (trois cent millions de francs Cfa) que le District a versé au village ont été entièrement distribués à tous les membres de la communauté, vieux, jeunes, femmes, jeunes filles et même aux bébés, résidant ou non au village, y compris aux dissidents dont certains ont eu ‘’la part du lion’’ du fait de leur âge. Après cela, plus rien n’a pu encore été versé par le District suite à des actes de vandalisme que ces dissidents ont encouragé dans le village et sur le site de l’acquéreur. Il en est de même de l’Afecaci qui, depuis l’acquisition de son Arrêté de concession définitive (Acd) il y a plus deux ans, n’a encore déboursé aucun franc au profit du village. Les mêmes dissidents se sont acoquinés avec un certain Koné Amed pour vendre illicitement près de 20 (vingt) hectares de ce site. Des enquêtes de police révèlent que ce sont 534 lots qui ont été vendus, avec la signature sur les attestations villageoises du leader de la dissidence, Aka Etienne, Adjudant de l’armée ivoirienne à la retraite. Suite à une plainte régulière, non pas de l’Afecaci, encore moins du chef du village, mais d’un acquéreur civil de quatre lots, Aka Etienne a été mis aux arrêts et conduit ‘’gentiment’’ à la Maca, après un séjour de 48 heures au violon de la Brigade de recherche de la Gendarmerie nationale quelques mois plus tôt.

Dans ces conditions, ces dissidents ne tomberaient-ils pas sous le coup de la dénonciation calomnieuse ? Attendons de voir. Peut-être que c’est ce danger qui les guette qui leur donne l’idée de faire intervenir la chefferie Atchan (Ebrié), par le biais de la Fédération Atchan Dougbo (FAD), auprès de l’Honorable Gnagne Nimba Richard. Pour vu qu’ils soient gagnés par la sagesse afin d’écrire au Procureur de la République pour leur désistement.

Laurent Nahounou

laurentmadoun@gmail.com