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Un simple bavardage et un ramassage d’ordures en guise de retenue qui interpelle les parents. Ces derniers s’en émeuvent à travers divers courriers. Estimant que le « contrat de confiance » était rompu, le couperet tombe : le chef d’établissement décide, du jour au lendemain, de radier Aude, une brillante élève de 2nde, de la liste des inscrits du lycée Saint-Joseph de Cluny.

Depuis ce lundi 2 mars, Aude, 15 ans, n’est plus scolarisée. Il y a encore quelques semaines pourtant, l’adolescente, première de sa classe, faisait la fierté des professeurs du lycée Saint-Joseph de Cluny. En atteste son bulletin scolaire du 1er semestre. Au-delà d’excellentes notes, les appréciations sont élogieuses : « élève sérieuse (…), très appliquée (…), consciencieuse et motivée (…) » .
Du jour au lendemain, la direction de l’établissement lui a fait savoir qu’elle n’y était plus la bienvenue. « Aude le vit très mal. Elle ne dort plus. J’ai été obligée de l’emmener chez le médecin parce qu’elle n’est pas bien. Elle n’est pas, actuellement, en mesure de reprendre les cours » , se désole Odile Henry, sa mère.
À l’origine d’une affaire aux conséquences importantes pour cet enfant : un simple bavardage en classe de Sciences Économiques et Sociales début février. Après avoir été reprise à deux fois par l’enseignante, elle se voit signifier une retenue à la fin du cours. Le samedi 7 février, Aude se rend dans l’établissement pour purger son heure de punition.
Mais, à sa grande surprise, pas de devoir à faire. L’adolescente est contrainte d’effectuer un Travail d’Intérêt Général : le ramassage des ordures dans la cour. Une sanction jugée « avilissante » par Odile, sa mère. « Je n’ai rien contre un TIG mais encore faut-il informer les parents avant de décider de ce type de sanctions. Surtout quand il s’agit d’une mineure de moins de 16 ans. Le ramassage des ordures n’a rien à voir avec du bavardage. Pour moi, il y a eu une mauvaise évaluation de la « faute » et de la réponse apportée » .
« MESURE ARBITRAIRE »
La maman intriguée s’en réfère au chef d’établissement. Celui-ci, par échange écrit, l’invite simplement à consulter le règlement intérieur. Une demande de rencontre entre les deux parties n’aboutit pas pour des problèmes d’agenda. La mère choisit d’écrire aux autorités hiérarchiques pour relater le différend : le rectorat, la directrice diocésaine et l’évêque.
Deux courriers qui ne vont pas rester sans suite. Mais pas dans le sens escompté. Le 27 février, dans une autre lettre, le chef d’établissement l’informe avoir pris attache avec le rectorat pour demander le changement de lycée d’Aude. « Je considère que le contrat de confiance entre le lycée Saint-Joseph de Cluny et vous est rompu. Je ne suis donc plus en mesure de recevoir votre enfant dans mon établissement » .
Un véritable choc pour la famille d’Aude, loin de s’attendre à une telle « mesure arbitraire » . Odile pousse néanmoins sa fille à se rendre au lycée le samedi et le lundi suivants. « Mais, les deux fois, le chef d’établissement lui a remis les courriers en mains propres, y compris celui mentionnant sa radiation. Le lundi, il l’attendait en bas des marches à l’entrée de l’école » .
Jusqu’à aujourd’hui, Odile ne comprend pas un tel emballement. « C’est une décision unilatérale sans fondement et, pour moi, davantage une mesure de rétorsion par rapport à un désaccord avec les parents. À quel moment a-ton pensé au bien-être de ma fille, en pleine année de 2nde qui est une classe de détermination ? À aucun moment, on ne s’est soucié de l’impact psychologique provoqué chez elle par ces agissements. Il n’y avait aucune raison d’un tel empressement » .
Victime de cette affaire, Aude, qualifiée « d’élève charmante » au lycée Saint-Joseph de Cluny, a, pour sa part, toujours du mal à comprendre ce qui lui est arrivé…
Et maintenant ?
Ce lundi, le proviseur à la vie scolaire du rectorat a contacté la mère d’Aude pour lui proposer une place au lycée Schoelcher. « J’ai refusé car je n’ai jamais demandé à ce que mon enfant change d’établissement » .
Ses demandes d’entretien avec la Rectrice sont, à ce jour, restées vaines. Le rectorat n’a pas souhaité nous répondre à ce stade, indiquant simplement que la gestion d’un établissement privé relève du chef d’établissement. L’administration étant surtout chargée de fournir les professeurs et de vérifier le programme pédagogique.
Du côté du lycée Saint-Joseph de Cluny qui héberge 1100 élèves, aucune réponse officielle n’a été apportée, l’établissement ne le jugeant pas utile. Tout juste nous a-t-on indiqué que les TIG sont inscrits dans le règlement intérieur de l’établissement et qu’en tant qu’institution privée, l’école et les familles sont liées par un contrat de confiance. Pour le lycée, celui-ci a été rompu par les propos tenus dans les lettres adressées par le parent d’élève à la directrice diocésaine et au rectorat. D’où l’impossibilité, dès lors, de continuer à accueillir cet enfant, précise-t-on.
R. Lamy