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Par Nadège Aya - Abidjan

Par Nadège Aya – Abidjan

Depuis le début de l’année 2014, une épidémie d’Ebola a éclaté en Guinée. Elle s’est ensuite rapidement propagée dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest: Sierra Leone, Libéria et Nigéria. Début septembre, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a comptabilisé plus de 5350 patients infectés par l’Ebola et plus de 2.600 personnes décédées. Aujourd’hui, le virus Ebola a maintenant fait près de 4900 morts et a infecté près de 9936 personnes depuis l’éclosion de l’épidémie en mars, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Jamais auparavant une maladie n’a fait autant de victimes et n’a été si étendue.

L’aide internationale consacrée à l’épidémie d’Ebola, qui fait actuellement rage en Afrique de l’Ouest, doit être renforcée de toute urgence. L’épidémie est toujours hors de contrôle et continuera de se propager si davantage de personnels et de moyens ne sont pas rapidement déployés.

Au Liberia et en sierra Leone, le bilan continue de s’alourdir de façon dramatique. En Guinée, où l’épidémie a démarré, la situation n’est pas encore sous contrôle. Les autorités des quatre pays touchés : la Guinée, la Sierra Leone, le Libéria et le Nigéria, depuis peu le Mali, ont besoin du soutien d’autres pays et organisations. Des moyens financiers seuls ne suffisent pas ; ces pays ont besoin de main d’œuvre et d’expertise.

Vu la situation critique que traverse ces différents pays de l’Afrique de l’Ouest, mais surtout le Libéria, plus proche de la Côte d’Ivoire, nous nous sommes approchés de personnes résidant dans ce pays et avons eu des informations par le moyen des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC).

Joël N, jeune ivoirien résidant en plein cœur de Monrovia (capitale du Libéria), précisément dans le quartier de Sinkor, entre la 15th et la 16eme rue à quelques pas du ROYAL GRAND HOTEL, est depuis le 13 juillet 2012, au Libéria, pour des raisons professionnelles.

Selon l’OMS, la maladie de l’Ebola est apparue au Libéria le 31 mars 2014. Le gouvernement libérien  est depuis le déclenchement de cette maladie sur des mesures restrictives pour réduire le taux de mortalité sur son sol.

La présidente Ellen Johnson Sirleaf et son gouvernement ont pris des mesures, entre autres, le 01 Août 2014, le gouvernement a déclaré un jour férié pour désinfecter tous les services publics et même privées dans toute la capitale, dans les ambassades, les supermarchés, etc, la suspension jusqu’à nouvel ordre, de toutes activités sportives sur toute l’étendue du territoire , tous les Etablissements (publics et privés) fermés jusqu’à nouvel ordre (il n’y a pas eu d’année académique) et le renforcement des mesures de protections dans les services publics (distributions de kits sanitaires, eaux chlorée et javel, etc…).

Face à cette situation critique, la population est quant à elle « sans force ». Elle est évidemment attristée, de la propagation rapide de l’épidémie à virus Ebola et du nombre de victimes qu’elle a causée en si peu de temps. “En effet, nul n’était préparé à cela. Il n’est pas rare d’entendre certain dire que ce virus leur faisait plus peur qu’une guerre armée, car avec cette dernière on voit l’ennemi arriver et on peut se mettre à l’abri à temps, contrairement au virus qui pourrait venir de nulle part, même de ses proches”, réagit Joël N.

Le constat fait par la population sur place par notre source est que la population est « déçue » de ses dirigeants politiques face à l’incapacité et l’incompétence à faire face à ce genre de crise. Il faut même souligner que semble-t-il, le taux de christianisme a grimpé de façon exponentielle puisque désespérées et doutant des autorités en place. “Il faut donc prier et demander la protection de Dieu ; le temps que les aides arrivent”, ajoute-t-il.

Les activités semblent avoir repris depuis quelques mois, au niveau de Monrovia, entre autres, l’administration et les services publiques (banques, mairies, trésor, impôts, supermarchés, etc…) ont rouverts depuis 03 mois environ, pareil pour certains centres de santé publique et privées. Mais certains ministères, comme celui de l’Education nationale est jusque-là fermé car pour rappel, les écoles et universités restent fermées jusqu’à nouvel ordre.

Pas d’activités sportives sur toute l’étendue du territoire (d’où la non-participation de l’équipe nationale du Liberia aux Eliminatoires pour la CAN 2015). Pour ce qui est du privée, il faut donc comprendre que il y va de son Conseil d’Administration, et si celui-ci estiment qu’ils peuvent fonctionner et assurer le service avec quelques mesures de protection, ils ouvrent.

Les quartiers les plus touchés par la maladie de l’Ebola sont la ville de LOFA County (au nord-ouest du Liberia), et la capitale Monrovia. Selon l’OMS, on tourne autour des 2460 sur les 5000 décès annoncés.

Pour quelques personnes interrogées à propos de la propagation rapide de la maladie au Libéria, elles répondent notamment, le manque d’infrastructures, d’équipements sanitaires et de personnels médicaux qualifiés.

 Il faut rappeler que ce pays sort d’une longue crise militaro-politique ayant fait plus de 200.000 morts et que depuis ces quelques années de stabilités, les autorités en place n’ont pas beaucoup axée leur programme sur la réhabilitation des établissements sanitaires détruit ou en mauvais état, ni sur la construction de nouvelles infrastructures. C’est en grande partie dans la capitale Monrovia, que la grande partie des Centres de Santés sont construits. De plus, ils sont mal équipés et manque de personnels qualifiés. Certains médecins compétents  qui se sont vite impliqués dans la lutte sans trop connaître au début la maladie et ses modes de contraction ont hélas succombés suite à leurs infections (Samuel Brisbare, Abraham Borbor, Sam Mokoro).

Selon le ministère de la Sante, le Liberia manque cruellement d’ambulances médicales, ce qui rend difficile les services d’interventions. Il n’était donc pas surprenant d’entendre que des corps étaient laissés à l’abandon dans les rues faute de véhicules disponibles pour le ramassage des corps ou des cas suspects.

Aussi, la maladie s’étend au pays, face à la difficulté d’abandonner les habitudes culturelles et quotidiennes ; difficulté à faire comprendre aux populations (surtout dans les zones reculées), d’éviter tout contact avec un «décédé » ou même d’un cas suspect ; éviter de serrer les mains, même des proches. Il y a aussi le plan urbain de certaines villes du pays. Les quartiers sont en grande partie des bidonvilles, et la capitale Monrovia ne fait pas l’exception. Des quartiers comme Wespoint ou encore Paynesville sont beaucoup touchés (de nombreuses victimes).

Les populations victimes de cette maladie ont la peur de se voir rejeter par les autres. “Les autorités ont demandé aux populations de signaler des cas suspects mais les personnes suspectées étaient embarquées pour les centres puis ramenées chez eux après les tests négatifs, les regards vis-à-vis d’eux étaient devenus différents”, expliquent Joel.N.

Impuissante face à cette grande montée de la maladie de l’épidémie au Libéria, le gouvernement a d’ailleurs eu le courage de le reconnaître d’abord par la Représentante permanente du Libéria auprès des Nations Unies, Marjon V. Kamara, et même par la Présidente elle-même, d’où les nombreux appels à la Communauté internationale mais surtout aux Etats-Unis.

Après cet appel du gouvernement libérien, les Etats-Unis ont officiellement envoyé 3000 soldats au Libéria et prévoient d’y construire 18 établissements de santé pour le traitement des malades et la formation du personnel. Il faut noter que les centres sont en pleine construction.

Pour Joël N, la fermeture des frontières aux pays touchés par l’épidémie n’a pas été a été utile, car pas forcément la meilleure des options. “Le vrai problème reste les contrôles aux postes frontaliers. En effet il faudra juste renforcer les checkpoint, déployer plus d’agents et d’équipements nécessaires car au-delà de la simple épidémie, il faut aussi faire en sorte que les relations diplomatiques de notre pays avec les pays infectés ne soient en guère froissées et aussi montrer un élan de solidarité et de soutien”, répond-il.

Pour ce jeune ivoirien venu depuis quelques années au Libéria pour des raisons professionnelles, est aussi confronté à cette maladie, où il révèle avoir assisté à trois cas de morts, dans son quartier. Avec une analyse faite de la situation au Libéria, par la mobilisation des Organisations humanitaires (qui n’a pas baissé d’un ton depuis début mars), et aussi de la Communauté internationale qui mobilisent des fonds et du personnel humanitaire, il croit en son sens qu’il faudra encore attendre jusqu’au premier semestre de 2015 pour sentir une vraie amélioration.

L’épidémie Ebola bouleverse le monde entier, des organismes comme Médecin Sans Frontière (MSF) est à pied d’œuvre depuis mars et a atteint la limite de ses capacités. Selon MSF, ce sont six cliniques Ebola qui sont gérées dans trois pays par eux et fournissent des conseils techniques aux autorités de quatre États.

C’est tout le système de soins de santé de ces pays qui menace de s’écrouler à cause de l’épidémie d’Ebola. Au Liberia et en Sierra Leone, de nombreux hôpitaux ont été désertés ou fermés. Les maladies comme le paludisme et les diarrhées ou encore les grossesses et accouchements avec complication pourraient dès lors faire d’autres victimes.

Le Libéria est un pays d’Afrique de l’Ouest bordé au sud par l’océan Atlantique, au nord-ouest par la Sierra Leone, au nord par la Guinée et à l’est par la Côte d’Ivoire. Première nation d’Afrique à avoir obtenu son indépendance en 1847, le Liberia est présidé depuis le 16 janvier 2006 par Ellen Johnson-Sirleaf, Co récipiendaire du prix Nobel de la paix 2011, première femme élue à la tête d’un État africain.

Le pays, qui compte parmi les 10 pays les moins développés du monde (avec un indice de développement humain de 0,329 en 2011).

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Rappelons que l’Ebola est une maladie provoquée par un virus relativement infectieux, mais extrêmement létal. Elle porte le nom du fleuve congolais Ebola, qui coule le long du village où la maladie a été diagnostiquée pour la première fois, en 1976 (année où une épidémie d’Ebola s’est également déclenchée au Soudan).

Le virus Ebola peut être transmis par l’être humain et l’animal, par contact avec les fluides corporels : salive, sang, urine, sueur, etc. Le personnel médical peut ainsi être facilement contaminé s’il ne porte pas de protection spéciale. Le virus ne se propage pas dans l’air. Les symptômes apparaissent entre le 2e et le 21e jour suivant la contamination. Les premiers symptômes sont peu spécifiques. Ils ressemblent à ceux du paludisme et de la grippe, par exemple, migraines, douleurs musculaires, nausées et faiblesse générale. Il est donc difficile de diagnostiquer immédiatement l’Ebola. Dans la phase suivante, le patient vomit, souffre de diarrhées, développe des éruptions cutanées, ainsi que des problèmes de reins et de foie. Certains patients présentent des hémorragies internes et externes. De 25 à 90% des patients finissent par mourir, selon la souche Ebola qui les a infectés.

En ce qui concerne le traitement de l’Ebola, il n’existe actuellement pas de traitement contre l’Ebola. On peut lutter contre les symptômes, par exemple avec des perfusions pour les patients atteints de diarrhées et de vomissements qui sont déshydratés. Si nécessaire, la douleur peut être allégée avec des analgésiques. Lorsque l’épidémie a éclaté en 2014 en Afrique de l’Ouest, les chercheurs ont espéré un moment avoir trouvé un remède, mais cet espoir ne s’est malheureusement pas encore concrétisé.

Pour éviter la propagation du virus, les patients sont placés en quarantaine très stricte et des sas de décontamination sont mis en place pour le personnel médical. Pendant l’épidémie, la population doit être correctement informée sur la maladie et les précautions à prendre pour réduire le risque d’infection. Lorsqu’aucun nouveau patient n’est diagnostiqué pendant 42 jours, on considère que l’épidémie est terminée.

Pour prévenir  la maladie en raison de la non découverte du vaccin, il faudrait que toute personne travaillant avec des patients contaminés porte des vêtements protecteurs spéciaux, avec des gants, un masque et des lunettes de protection, et faire preuve d’une grande prudence dans le cadre des soins. Aussi, l’hygiène est très importante.

  Nadège Aya