La gigantesque porte béante s’est de nouveau ouverte. Le ciel lui est tombé sur la tête et la terre quant à elle, s’est bel et bien dérobée sous ses pieds.
Oui ! L’homme s’en est allé. À jamais.
Aussi surprenant que cela pourrait paraître, Sieur Robert Mugabe, homme politique du Zimbabwe et ancien président de son pays, a tiré sa révérence ce 06 septembre 2019 à Gleneagles Hospital, à Singapour.
Pourquoi devoir rendre son âme si loin de la terre de ses ancêtres?
Dire que le musicien chanteur compositeur Robert Nesta Marley dit Bob Marley avait, en son temps, rendu si célèbre et telle une référence au monde, ce pays qu’est le Zimbabwe, dont le passé reste une fierté noire.
Monsieur Mugabe, un homme dont le parcours politique a tant fait couler d’encre, de salive mais aussi et surtout de larmes, de sang, fera toujours parler de lui ici, là-bas et ailleurs.
Homme très engagé dès ses débuts, avec ces images en noir et blanc si médiatisées, suscitant en nous une nostalgie combien vivace quand Robert Mugabe savait terroriser l’occupant blanc, nombreux de ses concitoyens le regardaient alors comme un homme de la providence. Son combat contre l’invasion coloniale marqua toutes les consciences.
Une fois aux affaires, et à peine dans sa trentaine, Bob (comme on le nommait si affectueusement) dirigea par la suite son pays d’un bras de fer, molestant et dépossédant la communauté blanche, leur privant des terres, lesquelles étaient redistribuées aux membres de la communauté noire, les plus brimés. Un élan, une des dispositions qui lui valut du crédit pour son élan nationaliste dès les premières heures de son action politique.
Tout aurait pu être tel dans un conte de fée et pour le meilleur des mondes si le temps, l’accumulation de l’âge n’étaient pas au rendez-vous.
En effet, l’étrange paradoxe dans un cadre où la vieillesse rimait autrefois avec sagesse, nous assistons depuis quelques décennies à une sorte d’anti vérité de cette douce réalité combien planétaire.
Quoiqu’il en soit, et si on peut reconnaître qu’aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre d’années, il est hélas triste de constater que ces femmes et hommes qui se trouvent propulsés au devant de la scène nationale, régionale ou continentale, prennent très souvent un mauvais plis avec l’âge. Ils brillent peu à peu par une déchéance notoire et tournent plus tard vinaigre au point de paraitre bien minables, méconnaissables, désagréables, malléables et indésirables à la fin car instables et insatiables.
Il y a de quoi s’interroger sur un tel revirement presque généralisé chez l’espèce en cours et qui semble vivre tel sur un nuage alors que nos ancêtres y allaient crescendo avec l’âge vers l’excellence, la maturité probante, tant par leurs idées, leurs pensées, leurs propos, leurs dispositions et leurs actions.
Toute personne saine et sensée dans son être, ainsi que la plus minable des individus, ne peuvent naturellement que rechercher la notoriété, l’admiration et la glorification. Seulement, cette espèce désormais en voie de disparition, quoique disposant de tous les atouts afin d’agir dans le sens de se faire aimer et d’imposer prospérité, quiétude, partage et harmonie sociale, s’activent plutôt dans le sens de s’attirer toutes les foudres de l’univers. Ils s’accaparent de tout, tuent et laissent mourir autour d’eux, choisissant de ce fait la médiocrité ambiante, l’éclatement, la déchirure et donc la mise à mort du fœtus dans l’œuf…
On se précipite plutôt à enfiler des titres, des costumes en vérité très mal assortis: de vrais tombeaux blanchis. Le ministre, à défaut de servir, se fait prédateur. Il se sert sans demander et use de toute forme de subterfuge pour toujours tirer son épingle du jeu: ”se retrouver au plus vite et à tout prix”, cela aux dépends de la quiétude des milliers de personnes.
De quoi reconnaitre que ”l’Afrique était mal partie”…
Mais voyons! Partir où, pauvre Afrique ?
Elle n’avait jamais bougé le petit doigt depuis que le caucasien s’était résolu à souiller l’âme du continent… Avec ces scènes ou mises en scène d’indépendance simulées et perpétuellement célébrées, l’Afrique prend, de tout temps, un malin plaisir à se mettre le doigt dans l’oeil car sa réalité n’a jamais changé mais s’est empirée avec la bénédiction d’une couche donnée d’individus sans morale, sans scrupule.
Le temps passe et n’épargne ni la médiocrité ni l’instigateur du deuil, de la douleur.
Non pas qu’il faille à présent rêver d’un paradis au ciel, mais de se dire et de se convaincre que tout se passe ici bas; d’abord là haut dans notre tête puis, ayant les pieds sur terre, parmi nous, autour de nous. De l’autre côté de la frontière potiche, c’est un autre cadre avec une autre réalité qui, déjà vivace en nous, nous forge, nous guide et nous expose au monde tel que nous le sommes en réalité, face à notre contemporain, à notre semblable: notre compagnon de route, de parcours, sur cette vallée de larmes où bien souvent hélas, les larmes demeurent le dernier mot pour tous. Vanité des vanités.
Vivre, non pas pour faire ni laisser mourir, mais assurément pour vivre puis mourir un de ces jours, le cœur léger, le sourire sur les lèvres. Jamais la mort dans l’âme.
Comme quoi et pour reprendre madame la mère de Napoléon qui, à chaque exploit d’expansion territoriale rapporté de son fils, s’écriait alors et fièrement : ”pourvu que ça dure”…
Oui, telle que la lancée se déroule, que la bêtise soit noyée par le temps. À jamais !
En un mot, un bon départ dans les affaires ne garantit jamais une fin honorable. Mieux vaudrait vivre une fin couronnée d’honneur et d’égards pour un beau nom. Un nom pour la postérité grâce à un départ porteur de sagesse, à défaut d’un parcours sinueux et exposé aux mutations, la dégradation avec.
Le Président Robert Mugabe n’est plus.
Bon vent, vieux loup! Que la terre te soit à la fois lourde et légère. Repose ton cerveau et tes mains remplies de sang! Du sang de milliers d’innocents, enfoncé jusqu’au cou. De vraies mains sales!
Les agneaux de tout horizon, ainsi que les moutons de Panurge et les brebis galeuses de tout acabit finiront par t’oublier comme une simple trainée de poussière sur la visière du baladeur insouciant.
Adieu!
Au diable!
Tout à la fois!
Fumu BIPE li Biik BIAMU © sept 2019