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Comment Alcide Djédjé et les autres ont échappé à une poursuite judiciaire

Le rôle joué par le procureur

En attendant la date de ses obsèques, la mère de Laurent Gbagbo repose à Gagnoa, comme souhaité par les membres de sa famille. 72 heures après son décès, on en sait un peu plus sur le lieu exact de son décès et sur ce qui s’est véritablement passé à Yamoussoukro après le douloureux évènement. En effet, selon les informations recueillies au centre hospitalier régional de Yamoussoukro, c’est autour de 18h30, le mercredi 15 octobre dernier, que la vieille, très très mal en point, avec un pools très faible, est arrivée au service des urgences médicales. Le corps médical de garde ce jour, avec le médecin généraliste, Dr Odégué en tête, s’apprêtait à lui faire une perfusion lorsque la vieille dont il ne savait pas pour le moment la vraie identité a rendu l’âme. Très vite, par le biais des réseaux sociaux, la nouvelle lâchée sans doute par certains des 7 occupants des 3 véhicules du cortège qui amenait la vieille au village, a fait le tour du monde. Les autorités s’en saisissent et sur ordre du préfet de police, le colonel Sanogo Ismaïla, les accompagnateurs y compris les chauffeurs sont interpellés et mis en garde à vue au commissariat du premier arrondissement de police de la ville. Il leur est reproché d’avoir transporté un corps sans vie dans un véhicule particulier, au lieu d’un corbillard. Les nouvelles rependues faisaient en effet savoir qu’elle est décédée en route, lors de son transfert. Mieux, il était consigné dans des notes officielles que la vieille est décédée depuis Abidjan et que les parents l’ont transportée dans un véhicule banalisé. Informé de la situation, le substitut du procureur près la section de tribunal de Toumodi dont dépend juridiquement la ville de Yamoussoukro, Djelli N’Goran Siméon fait reporter ses audiences du jour et descend sur la capitale le jeudi 16 octobre autour de 10h. Il ordonne la relaxation des interpellés dont la tête de fil était le ministre Alcide Djédjé. Il organise rapidement une rencontre avec les membres de la famille présents. Au bureau du préfet de police où a lieu la rencontre, il leur présente, en son nom et au nom du procureur général, les sincères condoléances du garde des sceaux et les invite à dépolitiser cette situation qui a-t-il dit, est douloureuse pour toute la Côte d’Ivoire. «Depuis hier, personne ne nous a dit ses condoléances, bien au contraire nous sommes tracassés», lance rassuré, l’un des membres de la famille au procureur qui demande que toutes les auditions soient reprises en sa présence. En réalité, il y avait urgence. Le gouvernement, qui entamait avec le président de la République, le conseil des ministres à Abidjan, attendait, a-t-on appris, tous les détails de cette affaire, avant de boucler ses travaux. Du côté de la famille et des partisans du président Gbagbo, à Abidjan et surtout à Gagnoa, des convois s’apprêtaient à descendre sur Yamoussoukro pour ”arracher” le corps de ‘’leur maman’’ des mains du pouvoir qui, raconte-t-on, voulait envoyer le corps à Abidjan. Il fallait donc aller vite, mais certains membres de la famille, notamment Noëlle Nadjé avec qui la vieille se trouvait dans le véhicule ”Grand-voyager” de type 4X4, refusait de se faire auditionner. Elles exigeaient d’abord la présence de son avocat. Le procureur Siméon leur explique que ces auditions obéissent à des exigences administratives et non à des causes politiques. Il parle au téléphone avec l’un des avocats de Simone Ehivet Gbagbo qui décante la situation. Tous les membres de la famille sont finalement entendus sur procès-verbal.

LES AVEUX DU MÉDECIN

Il faut maintenant entendre le médecin qui a reçu la vieille à l’hôpital pour savoir si elle était en vie ou morte lors de son arrivée. Mais, le médecin, une dame, est malheureusement introuvable. Elle, qui doit tout décanter. Le préfet de police déploie les grands moyens et parvient finalement à la retrouver. Devant le procureur et toutes les autorités de la ville, apprenent nos sources, elle confirme ce qu’elle a consigné dans son rapport médical. A savoir que dame Gado Margueritte est bel-et-bien décédée au Chr de Yamoussoukro. Le procureur ne trouve donc plus de raison de détenir les membres de la famille. Il ordonne que le corps leur soit remis. Mais, à la morgue, où les autorités de la ville, notamment le préfet de région, le procureur, le préfet de police et le représentant du commandant de légion de la gendarmerie arrivent vers 13h30, en même temps que les membres de la famille rejoints par Michel Gbagbo en pleurs et deux de ses avocats, le corps n’est plus. Le corbillard le transportant ayant déjà pris la route de Gagnoa sur ordre de la police dont un élément se trouvait à bord avec un membre de la famille qui resté près du corps, était toute communication téléphonique dans le corbillard. Par un coup de fil, le préfet de région, André Ekponon, ordonne le retour du corbillard. Ce qui est fait dans les 10 minutes qui suivent. Des excuses sont présentées aux membres de la famille avant que le corps ne leur soit remis. Le préfet de police est instruit de les escorter jusqu’à destination. C’est ainsi qu’à 13h45, le long cortège funèbre de la défunte Gado Margueritte a pris la route pour Gagnoa.

Blaise BONSIE à Yamoussoukro

Source : L’Inter du Samedi 18 au 19 Octobre 2014